Les Académiciens kiffent le numérique !

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L’Académie nationale de médecine s’engage pour le numérique et l’intelligence artificielle en santé qui devraient jouer à l’avenir « un rôle grandissant » dans le domaine de la santé. Elle émet des recommandations sur les sujets suivants : aide au diagnostic, déserts médicaux, recherche, emploi, formation, protection des données…
 

Les Académiciens kiffent le numérique !

Qui a dit que les sages étaient à côté de la plaque ? Qu’ils n’étaient pas dans l’air du temps ? Qu’ils ne scrutaient pas à la loupe les dernières tendances ou les nouvelles technologies de notre époque ultra-post-over-moderne ?
 
Si telle était jusqu’à présent votre image des sages, hé bien, préparez-vous à sauter au plafond, puisque l’Académie nationale de médecine vient de s’engager pour le numérique et l’intelligence artificielle (IA) en santé, dans un récent communiqué.
 
Elle considère en effet que la loi « Ma santé 2022 », dont l’un des objectifs est de placer la France parmi les pays à la pointe de l’innovation en santé, « doit permettre une amélioration substantielle du système de santé en France ». Mieux encore : « le numérique est un outil majeur de ce progrès », selon les sages qui estiment que l’IA et le numérique joueront à l’avenir « un rôle grandissant » dans le domaine de la santé. Cédric Villani ne l’aurait pas mieux dit.
 

Aide au diagnostic et au traitement

 
Premièrement, parce que les médecins utiliseront de plus en plus les nouvelles technologies pour les informer et les aider au choix du diagnostic et du traitement, pronostique l’Académie qui tient à préciser que ces nouvelles technologies « ne sauraient en aucun cas se substituer au médecin ». Pour la bonne et simple raison qu’« elles ne peuvent prétendre aux capacités de discernement qu'implique l'acte ou la décision du médecin et au sentiment d’empathie que seul le médecin possède pour pratiquer une médecine de qualité ».
 
Deuxièmement, les sages sont intimement convaincus que le numérique et l’IA en santé permettront dans le futur de trouver des solutions au problème des déserts médicaux et à l’organisation des soins. Selon eux, « la télémédecine et le télédiagnostic doivent être développés grâce à la numérisation afin d'améliorer l'efficience des consultations médicales et offrir une solution au problème des déserts médicaux ». Quant à l’organisation territoriale des soins et au management des établissements hospitaliers, ils devront aussi « être progressivement numérisés ».
 

Un impact important sur la recherche

 
Troisièmement, l’Académie a la certitude que la révolution numérique va fortement impacter le secteur de la recherche dans les années qui viennent. Elle pense en particulier au développement des plateformes et de tumorothèques face au cancer, car « les technologies numériques permettent des progrès importants dans le domaine de la cancérologie en croisant de grandes quantités de données cliniques et génétiques afin d’identifier par exemple les régions du génome qui contrôlent la prolifération des cancers. »
 
En outre, « les modèles mathématiques de progression des tumeurs doivent être développés pour se substituer progressivement aux critères approximatifs utilisés. » Cédric Villani, sors de ce communiqué !
 

Vive le data mining !

 
Toujours dans la catégorie « recherche », les sages considèrent que le data mining peut permettre de « générer des hypothèses à valider par des études dédiées », mais elle insiste sur le fait que « la mise en évidence de corrélations fortuites par analyse des données de santé au hasard (data mining) ne peut être considérée comme une preuve de relation de causalité ».
 
L'Académie nationale de médecine soutient également les initiatives telles que le SNDS ( Système national des Données de Santé), et le "Health Data Hub" qui « ouvrent les données publiques de santé aux chercheurs des organismes publics et souhaite que les conditions d'accès aux établissements de recherche privés et aux start-up soient rapidement précisées ».
 

Les spécialités impactées par l’IA

 
Enfin, les sages ont regardé dans leur boule de cristal pour faire la prophétie suivante : l’IA aura un impact important sur l'emploi des professionnels de santé, en particulier sur les « spécialités qui font appel à l'imagerie, la radiologie, l'anatomo-pathologie, l'ophtalmologie, la dermatologie, mais également la chirurgie, la cardiologie, la psychiatrie, la médecine générale ». Et de préciser qu’il parait « peu probable qu'il en résulte en une réduction du nombre d'emplois ».
 
Le volet formation est également exploré par l’Académie, persuadée que les établissements d'enseignement devront mettre en place des modules spécifiques obligatoires pour former les futurs médecins à l'usage des nouvelles technologies. Des programmes qui devront requérir « le recrutement d'experts de l'IA aux cotés des enseignants en médecine ».
 

Protection des données personnelles

 
Last but not least, les sages préviennent que la protection des données personnelles sera « indispensable » à l’avenir, « a fortiori (tiens, ça me rappelle un sketch des Inconnus, NDLR) quand elles concernent la santé des individus ». Pour eux, « l’anonymisation » fait partie des solutions. Mais ils considèrent aussi que la « non ré-identification » sera dans le futur « un principe majeur » pour traiter des grandes masses de données nécessaires à la construction des algorithmes.
 
Et de conclure avec une ultime recommandation juridique, en accord avec le Conseil national de l’ordre des médecins (CNOM) et le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) :
 
« Une réglementation supplémentaire par rapport à l’état actuel du droit risquerait de bloquer le progrès, et pourrait même induire une injustice entre ceux qui pourraient aller ailleurs bénéficier de dispositifs inaccessibles en France et ceux qui ne pourraient pas. Des règles de droit souple, selon le principe de la « soft law », paraissent préférables, les recommandations étant émises par une formation collégiale d’instances qualifiées ».
 
Plus souple, plus moderne et plus progressiste que les sages, tu meurs !
 

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