Le chant du signe

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Ciné week-end: La Famille Bélier, d'Eric Lartigau (sortie le 17:12:2014)

Le chant du signe

Alors oui, c'est vrai...
C'est vrai que La Famille Bélier, immense succès savamment prémédité, ressemble plus à un coup marketing qu'à une oeuvre d'art.
C'est vrai que le film, à peine mieux mis en scène qu'un épisode de "Recherche appartement ou maison", ressemble souvent à un mix des émissions de téléréalité les plus populaires, une chimère type "The Voice est dans le pré".
C'est vrai que le côté Clochemerle des scènes censées illustrer la vie rurale nous a fait suspecter un recyclage de vieilles bobines de film des années trente.
C'est vrai que la performance des acteurs est très inégale et que le jeu hystérisé à l'extrême de Karin Viard nous a un peu déçu. 
C'est vrai que l'idée scénaristique de base, bien que géniale, n'est pas assez exploitée et parfois honteusement desservie par l'aridité des dialogues et un humour paillard limite malsain (on ne parle pas des jeux de mots incompréhensibles, type "Bélier comme un bélier").

Et pourtant...
Pourtant la première scène, qui souligne uniquement par un tintamarre dissonnant le fossé entre Paula et sa famille augure un traitement intéressant de la thématique. Et la scène de la chorale, basée sur le principe inverse, lui répond parfaitement
Pourtant le jeu tout en profondeur de François Damiens impressionne et rappelle les grandes performances de ces mêmes années trente, et ça fait un bien fou. Il est servi en cela par un rôle en or, dont l'évolution est la plus intéressante puisqu'il va littéralement s'ouvrir à un monde totalement inconnu...l'âme et la voix de sa fille. La scène où son talent jaillit littéralement à sa conscience est tout bonnement magnifique.
Pourtant, la spontanéité de la jeune Louane Emera, star de télé-crochet qui porte le film, est étonnamment exempte de tout surjeu. Et Eric Elmosnino, primesautier, nous convertit à son enthousiasme.
Pourtant nos émotions se libèrent au moment où on ne l'espérait plus, et nous permettent d'oublier les nombreuses réserves accumulées (sauf que, damned, l'ultime scène vient un peu tout gâcher!).

Source:

Guillaume de la Chapelle

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