La vie d’une start-up n’est pas un conte de fées

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Aux Etats-Unis, les déboires des tests sanguins de Theranos

La vie d’une start-up n’est pas un conte de fées

Theranos, la start-up californienne qui voulait révolutionner la biologie médicale, est dans la tourmente. Autrefois considérée comme un conte de fées, son histoire est en train de virer au cauchemar, à moins que le prince charmant ne daigne pointer le bout de son nez.

 

L’histoire avait tout du conte de fées made in Silicon Valley. Cela aurait commencé ainsi : « Il était une fois Elizabeth Holmes, étudiante en chimie sur le campus de Stanford. En 2003, cette brillante Californienne a 19 ans et fonde Theranos, une start-up qui voudrait bien révolutionner la biologie médicale ».

En quelques années, Elizabeth Holmes devient la coqueluche des investisseurs, elle est proclamée « plus jeune milliardaire non-héritière au monde », et son entreprise est valorisée à 9 milliards de dollars. Pour ne rien gâcher, l’héroïne collectionne les unes des magazines. Une sorte de Steve Jobs de la santé, la chevelure et le glamour en plus.

La prouesse (supposée) de Theranos : être capable, en prélevant seulement quelques gouttes de sang, d’effectuer toute une batterie de tests biologiques. Moins chère et plus efficace que les tests traditionnels, la solution a tout pour séduire.

La chaîne de pharmacies Wallgreens, leader sur le marché aux Etats-Unis, est emballée : elle décide de monter des « Theranos Wellness Centers » utilisant cette nouvelle technologie dans 41 de ses officines de l’Arizona. Mieux, le géant de la distribution de médicaments envisage d’étendre l’expérience aux 8 200 échoppes qu’elle possède dans le pays, ce qui renforce encore la capitalisation de Theranos.

Et le carrosse se transforma en citrouille

Mais soudain, patatras. Le conte de fées vire au cauchemar, à tel point que Walgreens annonce qu’il n’étendra pas le partenariat. « Nous essayons de comprendre ce qui s’est passé et de voir ce que nous pouvons faire pour aller de l’avant », explique un responsable du groupe cité par « the Verge ».

Quelle est la baguette magique qui a si rapidement transformé le carrosse en citrouille ? Une enquête (abonnés), publiée la semaine dernière par le « Wall Street Journal ». Celle-ci a mis en doute la fiabilité des « Theranos Wellness Centers », et accuse l’entreprise d’effectuer en réalité une partie de ses tests sur des machines disponibles dans le commerce et utilisées par ses concurrents. L’attitude de Theranos, qui refuse de montrer ses résultats en se cachant derrière le secret industriel, n’a pas aidé à renforcer sa crédibilité.

L’histoire n’est pas encore finie, l’enquête du WSJ n’est peut-être qu’un rebondissement et on est encore loin du dénouement. Mais s’il veut sauver la princesse Theranos et finir sur le traditionnel « ils vécurent heureux… », le prince charmant a intérêt à se dépêcher.

Source:

Adrien Renaud

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