La vacance statutaire des PH devient endémique

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Depuis plusieurs années, le taux de vacance statutaire tend à augmenter dans toutes les spécialités. Une tendance induite par le déficit d’attractivité de l’hôpital public… mais aussi par les nouveaux critères de la jeune génération !

La vacance statutaire des PH devient endémique

L’hôpital public se meurt. Et les soins qui lui sont prodigués ne lui suffisent pas. Chaque année, le taux de vacance statutaire des praticiens hospitaliers augmente. Au 1er janvier 2019, celui des temps plein culminait à 29,1 % - soit 1,7 % de plus qu’en 2018. Une tendance qui s’observe à l’échelle nationale. De 2018 à 2019, le nombre de régions affichant un taux de vacance statutaire supérieur ou égal à 30 % est passé de 3 à 7. La faute au déficit d’attractivité, à en croire le Pr Emmanuel Andrès. Président du CME de CHU de Strasbourg, cet interniste a vu sa région rejoindre la liste des malheureux lauréats.
 
« La cause principale qui explique l’aggravation de ce taux est le problème d’attractivité de l’hôpital public », résume-t-il. Manque de temps, sensation de porter à bout de bras un système défaillant, salaires trop bas, pression administrative de rentabilité… Autant de caractéristiques de l’hôpital public qui ne font plus rêver.  « Autrefois, les PH s’engageait pour avoir un peu plus de temps, travailler en équipe, faire de la recherche, de l’enseignement… Désormais, les praticiens se consacrent à 115 % au soin », image Emmanuel Andrès.  
 
Cette fuite se conjugue également avec les problématiques budgétaires, selon lui. « La seule marge de manœuvre financière de l’hôpital, c’est son personnel », indique-t-il. Une masse salariale qui représenterait 70 % des dépenses de l’hôpital. « Lorsque les hôpitaux sont très contraints dans leur budget, ouvrir moins de postes de recrutement est une façon de faire des économies », explique-t-il. Une stratégie perdante qui ferait entrer la structure hospitalière dans un cercle vicieux. « Quand un hôpital est bien doté, il reste bien doté, explique-t-il. Pour les jeunes, le salaire, le matériel sont importants mais la qualité de vie au travail l’est encore plus ».
 
Ces facteurs de désamour donnent des envies d’ailleurs aux praticiens hospitaliers. Si certains se laissent tenter par les conditions de travail du privé, d’autres favoriseraient l’environnement dans lequel ils s’installent. « La mer, la montagne, la région parisienne… », énumère le Président. En 2019, les régions les mieux dotées en praticiens hospitaliers temps plein sont la région PACA (21,9 %), suivie de la région Ile-de-France (23,4 %). Une aspiration qui influerait notamment sur le taux de vacance statutaire de la région Grand-Est qui s’élève actuellement à 30,6 %. « Autrefois, 90 % des personnes qui étaient formées dans le CHU de Strasbourg restaient. Désormais, 25 % d’entre eux partent explorer d’autres régions ». Et d’ajouter : « Ils s’investissent à fond dans leur travail, mais ils veulent que ce soit fait dans des conditions agréables. C’est un changement générationnel qui tend à apparaître ».
 
Cette désertion pèse un peu plus sur la qualité des soins prodigués. Par manque de personnel, services et lits y ferment. « Dans mon service de médecine interne, j’ai dû fermer à plusieurs reprises une vingtaine de lits par manque de personnel médical », témoigne le chef de service. À l’échelle nationale, le taux de vacances statutaire le plus élevé est relevé en radiologie et imagerie médicale (41,1 %). Le plus faible, quant à lui, se trouve en pharmacie (10,6 %). Pour autant, toutes les spécialités sont concernées.
 
« C’est à toutes ces problématiques-là qu’a tenté de répondre le Ségur », indique Emmanuel Andrès. Le problème ? Nombreux praticiens hospitaliers n’y ont pas encore trouvé leur compte. « Il faut attendre que toutes les mesures soient annoncées, mais il donne des pistes à creuser. Il faut améliorer la rémunération, améliorer l’engagement des jeunes dans la carrière médicale, développer les projets médicaux, avoir plus de souplesse au niveau des postes… », tente de solutionner le Président. Et d’ajouter : « Les jeunes praticiens hospitaliers vont devenir une ressource rare. Il faut donc tout faire pour les garder ».
 

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