La robotique aux forceps : Petite histoire de la chirurgie robotique

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Entrés dans les années 80 au bloc, les robots, ou plutôt assistants robotiques, bouleversent toutes les spés. En France, après un retard à l’allumage et malgré des disparités régionales, la tendance devrait s’amplifier, condition sine qua non pour déployer la médecine de précision.

La robotique aux forceps : Petite histoire de la chirurgie robotique

© DR.

Tout commence en 1985, 40 ans déjà...

En 1985, le robot Puma 260 de la société américaine Unamation, utilisé pour placer une aiguille lors de biopsies du cerveau, était installé dans une clinique californienne. Depuis, les robots ont investi les blocs. En 40 ans, ils ont permis des exploits chirurgicaux et technologiques, comme l’opération Lindbergh en 2001 (en référence au premier vol transatlantique sans escale) : la cholécystectomie d’une patiente hospitalisée à Strasbourg, réalisée depuis un immeuble de Manhattan par le Pr Jacques Marescaux, fondateur de l'IRCAD (L’Institut de recherche contre les cancers de l'appareil digestif et son institut de formation et de recherche sur la chirurgie mini-invasive), aux manettes d’un robot chirurgical connecté. 

 

De la laparoscopie à la robotique

La robotique est née de la cœlioscopie, baptisée la « deuxième révolution française » par les Américains. Montée en puissance en France – qui en sera le leader mondial – dans les années 90, cette première approche mini-invasive a cependant vite atteint un plafond de verre de 40 % dans la plupart des spécialités chirurgicales et des actes traceurs référents, dû à la difficulté de la technique, nécessitant un réapprentissage complet et manuel du métier.
Une discipline se distingue néanmoins, l’urologie, bon élève de la cœlio et aussi de la robotique : « Dans la tradition de l’excellence chirurgicale française, les uros Frenchies se sont immédiatement montrés intéressés par un robot initialement destiné aux pontages cardiaques » témoigne le Pr Guy Vallancien. Réalisant les avantages offerts par le robot, « pour éviter de se tordre debout pendant des heures, avec des baguettes rigides pour disséquer la prostate au fond du petit bassin », Guy Vallancien s’exerce sur des cadavres à Mountain View, contribue à former ses confrères américains avant d’installer un robot chirurgical en France, dans son service d’urologie en 2001 à l’IMM (Paris), un an après les premières opérations du Pr Claude Abbou à Henri-Mondor. 

 

Premier virage raté 

La plupart des autres pays ont sauté la case « cœlioscopie » jugée trop difficile pour plonger directement dans celle de la robotique, rapidement convaincus par ses gains pour le patient et le système de santé, ainsi que par sa facilité d’apprentissage et d’utilisation pour les professionnels. Ils se sont alors équipés en robots télémanipulateurs pour la chirurgie viscérale (principalement Da Vinci, mais aussi Versius de CMR, Hugo de Medtronic…). Avec des résultats sans appel : « Des taux de 80 % sur les actes traceurs en mini-invasif quand nous plafonnons à 50 à 55 % en France, ce qui signifie que 35 % des patients n’ont pas le bon traitement », déplore le Dr Jean-Claude Couffinhal, responsable Innovation, Robotique & Formation de l'Académie nationale de chirurgie.

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Cette catégorie est à distinguer des véritables « robots », autonomes après programmation, au nombre de 75 sur le marché et qui eux, font de la médecine robot-assistée : aiguilles capables à coup sûr d’une ponction sur une métastase du foie, des reins, du pancréas ou des poumons ; dispense de soins par des ultrasons à haute fréquence ; radio ou curiethérapie robotisée ou encore guidage de cathéters à l’intérieur des vaisseaux… 

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