La révolution des soins primaires

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Il était une fois un gouvernement qui avait décidé d’organiser le système de santé à partir des soins primaires, conformément aux préconisations de l’OMS et des rapports successifs qui s’accumulaient.

La révolution des soins primaires

Le but était de répondre aux besoins de la population en termes d’accès aux soins et d’efficacité du système pour un coût supportable. Le terme de démocratie sanitaire côtoyait celui d’autonomie du patient. Les élus avaient compris que la qualité du système de santé était indispensable à la cohésion sociale.

Une idée avait germé : un étudiant sur deux devait devenir généraliste. Mais les anciennes lois avaient instauré une médecine universitaire exclusivement hospitalière. Le pari des CHU comme pôle d’excellence avait été réussi, mais les soins primaires avaient été oubliés. La formation des futurs généralistes aboutissait à une fuite du métier comme en attestait l’âge moyen d’installation et/ou l’obtention de diplômes complémentaires permettant « d’échapper » à une médecine générale dévalorisée.

Il n’est pas interdit d’espérer pour 2015 que la “révolution des soins primaires” ne reste pas un conte de Noël.

En 2004, le diplôme d’études spécialisées de médecine générale fut créé. Malgré leur construction historique en opposition avec les institutions, des médecins généralistes, issus de la formation professionnelle continue, rejoignirent l’université pour former des spécialistes en médecine générale.

Leur pédagogie réflexive et leur approche par compétences les conduisirent à écrire leur référentiel métier/compétences en 2009. Ces enseignants affichaient une quête d’excellence universitaire et ses trois valences, la clinique avec une médecine centrée patient, la pédagogie centrée étudiant et la recherche en soins primaires visant l’efficience.

Fin 2014, malgré leur travail et leur volontarisme, le ratio enseignant/enseigné toujours aussi faible (1 %) empêchait la filière universitaire de médecine générale (FUMG) de se développer normalement.

Dans le champ professionnel, les moyens supplémentaires étaient toujours donnés aux mêmes acteurs – au secteur hospitalier et aux plateaux techniques sans régulation de leur accès – dans le champ de la formation initiale, la médecine générale devait se contenter des miettes abandonnées par les autres spécialités.

Il aurait fallu que le système de santé et que la formation initiale soient cohérents : organisés et structurés en soins primaires, secondaires et tertiaires. Que les soins primaires et la médecine générale bénéficient en termes de formation de vrais moyens permettant un développement des stages en contexte ambulatoire (généralisation du SASPAS – Stage Ambulatoire en Soins Primaires en Autonomie Supervisée – pôle femme/enfant ambulatoire, 4e année d’assistanat tuteuré) et le fonctionnement de la FUMG avec des nominations d’enseignants.

Il n’est pas interdit d’espérer pour 2015 que la « révolution des soins primaires » ne reste pas un conte de Noël.

 

* Membres du bureau du Collège national des généralistes enseignants, respectivement de Saint-Étienne, Montpellier et Lyon.

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