La patte de l'artiste

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Ciné week-end : Don't worry, he won't get far on foot, de G. Van Sant (sortie le 4 avril 2018)

La patte de l'artiste

John Callahan présente une sévère dépendance à l'alcool qui n'est pas calmée, loin de là, par l'AVP dont il est victime et qui le rend tétraplégique. Suite à une révélation, il intègre un groupe d'alcooliques anonymes et se découvre une passion pour le dessin satirique... Un film arrosé à l'alcool et à l'empathie, orchestré par un Gus Van Sant classique mais généreux.

Après l'inoubliable Harvey Milk, Gus Van Sant se frotte une nouvelle fois au biopic en usant à nouveau de sa tendresse non feinte pour son héros et ses acolytes et de sa veine classique. Si l'on retrouve ponctuellement son goût pour les expérimentations, voire des moments à la limite de l'improvisation pure - notamment grâce au talent de Jack Black et Jonah Hill, tous deux excellents - il gagne en sobriété parallèlement au personnage de John. 

On peut se demander si la sortie de trois films consacrés à l'addiction en si peu de temps est vraiment judicieuse, tant le sujet peut rebuter. Mais force est de constater que Gus Van Sant apporte une pierre non négligeable à l'édifice. Tout d'abord dans sa description de la perte de contrôle et de repères du personnage dont Joaquin Phoenix retranscrit bien la frénésie mortifère. Mais aussi dans une vision très seventies des programmes d'abstinence.

On sait Gus Van Sant attaché aux valeurs d'amitié et d'estime de soi. Il montre à nouveau avec ce film sa foi inextinguible en l'homme. Et même s'il ne fait pas preuve d'une grande originalité, sa façon de suggérer que c'est à chacun de trouver en soi le moyen de se sortir du carcan de ses conditionnements, est d'autant plus provocante qu'elle passe par des confrontations au réel et des questionnements moraux qui frisent le puritanisme. En cette période où plus rien ne compte, n'est-ce pas la meilleure manière de rester transgressif?

Source:

Guillaume de la Chapelle

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