La médecine scolaire prise dans le tourbillon Covid

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Des journées entières consacrées au traçage des contacts, des missions habituelles retardées, de nombreux tests pour peu de volontaires… Face à la crise sanitaire, la médecine scolaire s’organise comme elle peut. Entretien avec le Dr Marianne Barré, secrétaire générale du SNMSU-UNSA Education.

La médecine scolaire prise dans le tourbillon Covid

« Actuellement, la mission principale des médecins scolaires, c’est le contact-tracing », déclare en préambule le Dr Marianne Barré, secrétaire générale du SNMSU-UNSA Education. Et les départements où il manquait déjà des médecins paient encore plus les pots cassés. « On arrive à des situations où on ne fait plus que ça, au détriment de toutes nos autres missions, hors urgences ».
 
Dans chaque département, une cellule Covid départementale a été créée. Secrétaire, médecins et infirmiers.ères la constituent. On y recense les cas positifs et leur entourage afin de casser au plus vite les chaines de contamination. C’est aussi cette cellule qui applique les consignes en fonction du protocole établi pour arbitrer la gestion des autres élèves, les demandes de tests complémentaires et organiser le retour à l’école par la suite. D’autres médecins sont également déployés pour effectuer les tests rapides antigéniques, lorsqu’ils sont en nombre suffisant.
 
Et le rappel des gestes barrières ? « On n’en est plus là », ajoute Marianne Barré, « avant on avait le temps de gérer les appels de renseignement mais en ce moment nous sommes débordés, on doit se concentrer sur les tests positifs ».
 
Un million de tests, mais où sont les dépistés ?
 
Le Premier ministre l’a annoncé : un million de tests de dépistages sont prévus chaque mois dans les établissements scolaires. Une démarche qui laisse perplexe le Dr Barré. « On avait commencé à dépister le personnel éducatif pour qu’il y ait un relai à un moment où il était difficile de se faire tester. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Les gens qui ont un doute ont déjà fait un test. Donc on mobilise du personnel mais il y a peu de demande. On a eu l’exemple d’une campagne dans deux lycées qui a mobilisé 6 infirmières pour finalement dépister 20 personnes et n’avoir aucun cas positif », illustre la médecin.
 
Le reste en stand-by
 
Médecins, infirmiers.ères, secrétaires, nombreuses sont les recrues qui donnent de leur temps. La crise sanitaire mobilise les équipes, « au détriment de nos missions habituelles », déplore Marianne Barré. La secrétaire générale du SNMSU-UNSA Education fait notamment référence aux visites médicales, obligatoires pour les élèves en CAP ou bac pro avant l’utilisation de certaines machines, qui sont donc bloqués dans leur formation. « Depuis le début de l’année scolaire, je n’ai eu le temps d’en effectuer aucune ».
 
Autre problème de taille signalée par la syndicaliste : les projets d’accueil individualisé pour les élèves atteints de maladies chroniques. « Par exemple si un élève est diabétique, il faut bien qu’un médecin établisse son projet de soin et de prise en charge à remettre à ses enseignants. Or, cela prend du temps et nous n’en avons pas », rappelle la médecin.
 
Un problème de recrutement en toile de fond
 
Dans la médecine scolaire, « il y a à peine un peu plus de 900 médecins pour 12,5 millions d’élèves », alerte Marianne Barré. « On est arrivé à un tel état de dégradation que cela pose des problèmes de recrutements, la médecine scolaire n’attire plus les jeunes. Et avec un âge moyen de 55 ans pour les médecins en place, que va-t-il se passer quand ils seront à la retraite ? Il est urgent de revaloriser les salaires, sans quoi notre disparition prochaine est inéluctable. Mais cela ne fait clairement pas partie des priorités gouvernementales ».   
 
Alors comment se faire entendre ? « Nous ne sommes même plus en mesure de faire de grève. Les gens ont besoin de nous sur le terrain, on ne peut pas se le permettre. On se fait entendre en communiquant : avec les média, le ministère, en alertant les députés et sénateurs. Nous nous battons, mais il faudrait finir par obtenir quelque chose ! »
 

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