«Avant mon expérience en intérim, j’ai été praticien hospitalier temps plein titulaire dans un CHU, pendant six ans. Mon métier d’anesthésiste-réanimateur me plaisait énormément mais j’étais dans une équipe avec des collègues un peu toxiques et un management pas à la hauteur… J’étais responsable d’unité fonctionnelle dans l’une des plus grandes maternités de France : je cumulais donc une activité clinique très intense et une activité de responsable d’unité très prenante. Malheureusement, je ne me suis pas sentie soutenue par la direction de l’hôpital. Ce rythme devenait risqué pour ma santé et j’ai décidé de me mettre en disponibilité.
J’ai décidé d’essayer l’intérim avec l’objectif de voyager un peu en France et de découvrir d’autres hôpitaux, d’autres équipes, d’autres façons de travailler. Je voulais m’investir dans d’autres projets. Je me suis inscrite dans plusieurs agences. J’ai découvert que certaines étaient très sérieuses, d’autres moins. Le problème, c’est que vous vous retrouvez inondé d’offres de missions et qu’il est compliqué de faire le tri. Sans compter les agences qui mettent deux mois à vous payer, ce qui n’est pas compatible avec une charge de famille. Finalement, j’ai retenu une seule agence, Médioffice, celle qui répondait le mieux à mes attentes. Je conseille aussi de se renseigner sur les hôpitaux. Dans certains, tout est bien organisé : vous recevez votre badge et vos codes informatiques quelques jours avant, vous savez où vous aller dormir, etc… Dans d’autres, c’est le flou artistique et ça, c’est une part d’angoisse supplémentaire et inutile dans une spé où il faut être ultra-concentré en arrivant le matin.
J'ai toujours été payée 650€ net par journée et 1 300€ par 24 heures
J’avais décidé de travailler une semaine sur deux, ce qui est déjà beaucoup car je n’étais pas chez moi ces semaines-là ! Pour ce qui est de la rémunération, j’ai toujours été payée 650€ net par journée et 1300€/24 heures. Ce tarif me convenait. Certes, il peut paraître élevé, mais il faut tenir compte de l’éloignement de son domicile et de la précarité du statut. De plus, la charge de travail et émotionnelle est intense. Il faut faire ses preuves dans chaque nouvel hôpital où on arrive, chercher le matériel, s’adapter aux différents logiciels de prescription, etc… On ne m’a jamais proposé plus et de toutes façons, je ne faisais pas ça pour l’argent, je suis trop attachée au service public. Je déplore les surenchères qui peuvent exister sur ce marché, mais en même temps, elles sont créées par le système lui-même et le manque de personnel permanent.
J’ai travaillé de cette façon de septembre 2020 à novembre 2021 puis je me suis réinvestie dans un poste de PH dans un autre hôpital. Ce que je retiens de mon année d’intérim ? De nouvelles expériences au sein d’autres équipes hospitalières et de belles rencontres professionnelles. C’est extrêmement positif d’arriver dans un endroit que l’on ne connaît pas et de s’apercevoir que l’on s’en sort bien ! »
Un autre témoignage d'une intérim qui ne comprend pas l'intérim bashing actuel, ici.