« It » parade

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Ciné week-end : Ca, de A. Muschietti (sortie le 20 septembre 2017)

« It » parade

Fin des années 80. Une bande de jeunes entame un été comme les autres, à ceci près que la bourgade où ils végètent fait face à une vague de disparitions d'enfants. Un été pendant lequel chacun se retrouve confronté à la pire de ses peurs, hanté par la figure maléfique d'un clown qui semble tirer les ficelles...L'oeuvre culte de Stephen King ripolinée à la sauce hollywoodienne !

Bien que le succès historique de "Ça" semble prendre tout le monde par surprise, il est peu probable que celui-ci n'ait pas été savamment orchestré, tant l'impression de produit ultra-fabriqué nous assaille pendant tout le film. Après tout, pourquoi pas ? Mais il manque à notre sens deux ingrédients essentiels pour que la recette fût "d'enfer".

La première déception tient au caractère foisonnant et feuilletonnesque inhérent au style King, qui représente un obstacle de taille à la fluidité des scénarios qui en sont tirés. Probablement plus obsédés par la rentabilité du film que par la cohérence et au rythme insufflés à l"histoire, les producteurs et scénaristes en font un foutoir assez indigeste qui, au vu de la longueur du résultat final, nous laisse souvent sur le bas-côté.

La seconde, à nos yeux plus essentielle, est liée au traitement infligé à la figure du clown, personnage maléfique emblématique inscrit durablement dans le registre collectif des phobies au même titre que celle des serpents. La coulrophobie repose en effet sur le principe que derrière le clown l’on sait qu’est tapi l'homme, le fait qu'il soit grimé et que ses expressions soient déformées à dessein le rendant dangereux aux yeux de certains enfants. Or, à l'écran, "Ça" devient un personnage de film d'horreur totalement artificiel, chez qui l'on ne retrouve plus du tout l'humanité inquiétante qui faisait le génie d'un Tim Curry dans la version originale....

Reste la puissance de l'oeuvre, l'idée brillante qu'avait eue King de jouer sur l'essence même de la phobie, cette capacité à nous enfermer dans un système de pensée dont la terreur tient aussi du fait que, confrontés à une terreur ancestrale, nous faisons en même temps l'expérience radicale de notre solitude face à celle-ci. La façon dont ces gamins s'unissent pour s'immuniser face à leurs peurs reste une excellente idée de scénario, qu'une série comme Stranger Things a parfaitement su recycler, mais qui hélas dans ce remake se voit terriblement affadie....

Source:

Guillaume de la Chapelle

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