Installation : l’argent n’est (vraiment) pas la clé !

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Une revue de littérature de la Drees, publiée ce jeudi 9 décembre, montre qu’ailleurs en Europe et dans les pays anglosaxons, les incitations financières ne suffisent pas à faire venir les médecins dans les déserts médicaux.

Installation : l’argent n’est (vraiment) pas la clé !

Ceux qui écoutent les jeunes médecins le savaient déjà : de bons revenus ne suffisent pas. Depuis des années, ces derniers répètent d’une seule voix que les incitations financières ne font pas le poids pour qu’ils s’installent dans les zones sous-dotées en médecins. Des horaires à rallonge, pas de relève en cas de problème, un exercice solitaire, pas d’école et/ou de crèche pour leurs enfants, pas de travail pour leur conjoint, etc… les raisons qui découragent les jeunes de poser leur plaque dans des territoires ruraux, moins bien pourvus en services publics et infrastructures de tous types, sont nombreuses.

Les conditions d’exercice priment

Cette étude de la Drees basée sur une comparaison des politiques d’incitation à l’installation dans différents pays (notamment États-Unis, Australie, Canada, Allemagne, Danemark, Écosse, Norvège et Portugal) montre que partout, les incitations financières ont des résultats décevants. Celles-ci ne parviennent pas à compenser des conditions d’exercice jugées désavantageuses : nombre d’heure de travail élevé, nombreuses gardes, difficultés à être remplacé, à se former, etc… « Les politiques visant l’amélioration de la répartition territoriale ne peuvent donc pas se fonder sur le seul levier des incitations financières mais doivent agir sur l’ensemble des conditions d’exercice des médecins », souligne la Drees.
Par ailleurs, la régulation démographique ne limite qu’en partie la pénurie.
Un certain nombre de pays étudiés par la Drees tentent déjà de réguler la démographie médicale par le biais de deux types de leviers : soit une obligation à exercer un certain nombre d’années en zone sous-dotée ; soit une restriction plus globale de la liberté d’installation, avec un nombre de places limitées dans chaque zone géographique. Ces politiques améliorent globalement la répartition des médecins mais n’évitent pas les pénuries localisées dans les zones peu attractives.

Plus de mixité sociale et géographique des étudiants en médecine

Une étude menée en 2000 aux Etats-Unis montre que les médecins appartenant à une minorité ethnique moins favorisée en matière d’accès aux soins (Noirs, Hispaniques, Américains natifs) ou ayant grandi dans des zones déshéritées, rurales ou urbaines ont deux à trois fois plus de probabilité d’exercer auprès de la population défavorisée. Des résultats valables pour la médecine générale mais aussi d’autres spécialités. Décentraliser les lieux de formation en implantant des facultés de médecine dans des zones rurales est également une piste à suivre de près. L’origine sociale et géographique des étudiants -et notamment leurs attaches personnelles avec tel ou tel territoire- est en effet un fort déterminant de leur choix d’installation.

Quelles recommandations pour la France ?

Selon la Drees, il ressort de cette étude qu’il est nécessaire de panacher quatre types d’aides pour réellement avoir un impact sur l’installation des médecins : formation initiale, soutien professionnel et personnel, régulation et incitations financières.
Les mesures de soutien aux médecins déployées dans différents pays devraient être davantage mises en œuvre en France : financement de remplacements pour permettre aux praticiens de s’absenter, facilités pour la formation et le développement professionnel continu, aménagement des conditions de travail des médecins senior avec une réduction des gardes et astreintes, interventions ponctuelles pour améliorer la santé et le bien-être psychologique des médecins ruraux.  

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