Implants vaginaux mutilants : l'enquête finalement classée sans suite, malgré une centaine de plaintes

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Le parquet de Paris a classé sans suite, fin décembre, l'enquête pour tromperie aggravée et blessures involontaires, sur les conséquences de la pose de dispositifs médicaux censés traiter la descente d'organes ou l'incontinence urinaire chez les femmes. 

Implants vaginaux mutilants : l'enquête finalement classée sans suite, malgré une centaine de plaintes

© Midjourney x What's up Doc

« Il n'est pas apparu de manquements à la réglementation en vigueur, que ce soit par les fabricants ou par les organismes notifiés en charge de la certification desdits dispositifs », peut-on lire dans la motivation du parquet consultée par l'AFP.

Le parquet y souligne que « l’exploitation des notices a démontré que chez la plupart des fabricants, la question des effets secondaires et la quasi-irréversibilité des dispositifs n'étaient pas passées sous silence ».

Le ministère public argue aussi que « dans la très large majorité des cas, ces dispositifs sont bien supportés et que la pertinence de leur pose n'a pas lieu d'être remise en cause ».

Quant aux autorités sanitaires, chargées du contrôle a posteriori des dispositifs médicaux, qui ont mené une étude de matériovigilance en 2005, elles ont été « proactives » surtout à partir de 2018.

Incontinence, lésions, douleurs chroniques…. Des effets dissimulés ?

Depuis 2020, ces dizaines de patientes ont déposé plainte à Paris, dénonçant des effets secondaires graves liés à la pose entre 1999 et 2023, par différents chirurgiens, de bandelettes sous-urétrales et de prothèses de renfort pelvien de différentes marques, posées par voie vaginale ou abdominale.

Une enquête préliminaire avait été ouverte en avril 2021, pour tromperie aggravée et blessures involontaires, au pôle santé publique du tribunal judiciaire de Paris, confiée à l'Office de lutte contre les atteintes à la santé publique (Oclaesp).

Ces dispositifs médicaux, développés depuis la fin des années 1990, sont destinés au traitement de l'incontinence urinaire et des prolapsus des organes pelviens.

Les plaignantes soutiennent que les laboratoires ont sciemment minimisé voire dissimulé les risques de leurs dispositifs contenant du polypropylène, ainsi que les difficultés - même l'impossibilité - de les enlever.

Parmi les effets indésirables : incontinence, infections, saignements, lésions, douleurs chroniques.

« Nous apprenons le classement sans suite des 111 plaintes déposées par des femmes dont la vie a été fracassée par la pose de prothèses vaginales sans qu'aucune information ne leur ait été donnée sur les conséquences possibles sur leur santé », ont confirmé à l'AFP les avocates des plaignantes, Hélène Patte, Amandine Sbidian, Dorothée Bisaccia et Laure Heinich.

Interdites aux États-Unis

« Certaines d'entre elles se sont retrouvées très gravement handicapées », ont-elles souligné, rappelant que « les poses de ces prothèses ont fait l'objet de condamnations partout ailleurs dans le monde pour le scandale sanitaire qu'elles représentent ».

Elles entendent faire un « recours auprès du parquet général pour qu'il désigne un juge d'instruction du pôle santé du tribunal judiciaire de Paris ».

Les plaignantes pourraient aussi s'orienter vers la justice civile, pour obtenir réparation du dommage causé par ces dispositifs sur leur santé.

Anne-Laure Castelli, plaignante qui a lancé le collectif « Balance ta bandelette », a dit « tomber des nues » face à cette décision. « Il y avait matière pour que l'enquête continue ».

Aux États-Unis, les prothèses posées par voie vaginale ont été classifiées à « haut risque » en 2016 et interdites en 2019.

Des procédures ont été menées dans le monde anglo-saxon et plusieurs laboratoires ont payé de lourdes amendes, notamment aux États-Unis, pour solder les poursuites.

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/les-mutilations-genitales-feminines-dans-le-monde-encore-plusieurs-centaines-de-millions-de

En France, la pose des implants pour le prolapsus par voie vaginale est suspendue depuis 2019. Ceux posés par voie abdominale et certaines bandelettes sous-urétrales sont toujours autorisés et leur pose est désormais encadrée.

Avec AFP

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