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Doctolib, qui vend ses services aux soignants, « a délibérément mis en œuvre plusieurs pratiques anticoncurrentielles (...) répondant à une stratégie anticoncurrentielle globale, structurée et cohérente visant à verrouiller les marchés concernés et évincer les entreprises concurrentes », a indiqué dans un communiqué l’Autorité de la Concurrence, qui a sanctionné l’entreprise.
L’entreprise est visée pour son activité sur ses marchés phares de la prise de rendez-vous en ligne et de la téléconsultation, qu’elle domine très largement selon les chiffres de l’Autorité : « de 70 à 90 % de part de marché » pour le rendez-vous en ligne, et « plus de 40 % » de part de marché sur la téléconsultation.
L’Autorité de la concurrence lui reproche des clauses obligeant le soignant à ne recourir qu’à son service, à l’exclusion des autres, et des ventes liées, en imposant par exemple aux soignants voulant souscrire à l’offre de téléconsultation de souscrire au service de rendez-vous en ligne.
Il est également reproché à Doctolib d’avoir acheté en 2018 son principal concurrent, « MonDocteur », ouvrant la voie, selon elle, à des hausses de tarifs régulières par la suite.
« Concrètement pour les nouveaux clients les tarifs sont passés de 109 euros mensuels au moment de l’acquisition à 129 euros en mars 2019 puis 139 euros en mars 2021 et à 149 euros en mars 2023 », a indiqué Fabienne Siredey-Garnier, la vice-présidente de l’Autorité.
La plateforme se défend
Doctolib, qui redoutait la décision de l’Autorité, a immédiatement réagi, annonçant dans un communiqué qu’elle faisait appel de cette décision qui « présente une lecture erronée de notre activité et de notre secteur ».
La décision est la « conséquence d’une plainte vieille de 2019 », déposée par un de ses « concurrents historiques » sur le marché du logiciel médical (Cegedim), a déploré la plateforme.
Doctolib conteste les griefs de l’Autorité. Sur la vente liée par exemple, « déconnecter » l’offre de téléconsultation de l’offre de rendez-vous en ligne « aboutirait à des difficultés conséquentes pour le suivi des patients et l’activité quotidienne des soignants », affirme-t-elle.
Quant au rachat de « MonDocteur », qui équipait à l’époque « 2 % des soignants », il s’agissait « d’une opération de croissance externe qui est d’une banalité absolue dans la vie d’une entreprise », a estimé l’entreprise.
« Killer le produit »
La décision est exécutoire, et Doctolib devra donc payer au Trésor public le montant de l’amende, quitte à la récupérer, avec les intérêts, si la cour d’appel de Paris compétente pour juger son appel lui donne raison.
Par ailleurs, Doctolib doit mettre fin dès maintenant aux pratiques anticoncurrentielles identifiées par la décision qui continueraient de subsister, notamment en matière de vente liée, a souligné l’Autorité.
Dans cette affaire, l’Autorité avait rassemblé, notamment lors d’une perquisition en 2021, de nombreux documents internes étayant ses accusations.
Au moment du rachat de MonDocteur, des documents internes évoquent ainsi la volonté de « killer le produit » pour arriver à la « disparition » du concurrent, indique l’Autorité.
Doctolib, fondée en 2013, compte aujourd’hui environ 3 000 salariés. Son chiffre d’affaires annuel a atteint 348 millions d’euros en 2024.
« Doctolib est un grand succès français, un grand succès technologique et commercial », a estimé Benoit Coeuré, président de l’Autorité de la Concurrence. Mais « notre décision rappelle que nul n’est censé ignorer la loi », a-t-il ajouté.
Avec AFP
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