Autorisé par la CNIL (1) fin mai, Hydro est le premier projet pilote du fameux Health Data Hub (HDH), dont l’objectif avoué est de croiser ces bases de données de santé et de faciliter la réalisation des projets d’intérêt public par les nombreuses équipes de recherche académiques et industrielles. La plateforme est au centre de la polémique depuis plusieurs mois notamment parce que ses données de santé seront hébergées par Microsoft. Si bien qu’une quinzaine d’organisations et personnalités ont saisi le Conseil d’Etat pour dénoncer le déploiement accéléré, au cœur de l’épidémie, du HDH.
Mais revenons aux dernières actualités de la plateforme avec Hydro, porté par la start-up française Implicity, qui développe et commercialise les solutions médicales d’intelligence artificielle pour la télécardiologie de demain. Le projet Hydro est l’un des dix lauréats du premier appel à projets organisé par le HDH en avril 2019, qui avait un triple objectif : soutenir les usages innovants de la donnée de santé, participer à la construction et au développement du HDH et démontrer la valeur de la donnée.
Prédire les crises d’insuffisance cardiaque
Hydro a pour objectif de développer une solution permettant de « prédire les crises d’insuffisance cardiaque nécessitant une hospitalisation pour les patients porteurs de prothèses rythmiques implantables grâce à l’analyse par intelligence artificielle des données cliniques et de télésuivi », précise le communiqué qui ajoute qu’Implicity dispose de nombreuses données de télésuivi, grâce au déploiement de sa plateforme universelle de télésuivi des prothèses rythmiques implantables auprès de plus de 45 centres en France et à l’international, depuis 2016.
Avec plus de 1,5 milliard de dépenses annuelles en France, l’insuffisance cardiaque est la pathologie chronique la plus coûteuse affectant les pays occidentaux. Touchant au moins 15 millions de patients en Europe, elle représente « la 1ère cause d’hospitalisation des plus de 65 ans dans les pays développés, 5% des hospitalisations totales et 10% des coûts d’hospitalisations en France comme dans de nombreux pays », selon Implicity.
Mais quel rapport avec le Health Data Hub me direz-vous ? La plateforme permettra le croisement des données des dispositifs cardiaques implantables de plus de 20 000 patients en soin courant avec celles du Système national des données de santé (SNDS). Objectif : entraîner des modèles prédictifs sans avoir à labelliser manuellement les épisodes d’intérêt (aggravations des crises d’insuffisance cardiaque des patients porteurs de prothèses rythmiques implantables).
Développer un algorithme original
« Notre projet est de développer un algorithme original, par ailleurs dispositif médical ”logiciel”, utilisant des combinaisons de méthodes d’intelligence artificielle fonctionnant à partir des données transmises par les prothèses rythmiques et de données cliniques accessibles, grâce à la plateforme Health Data Hub », explique le Dr Arnaud Rosier, rythmologue et CEO d’Implicity.
Afin de répondre aux exigences de la CNIL, la société a mis en place un dispositif renforcé pour garantir la protection de la vie privée des patients ainsi que la confidentialité et l'intégrité des données. Implicity aura accès aux données nécessaires au projet, mises à disposition par le Health Data Hub dans un espace sécurisé, et ne les traitera que pour mener des travaux de R&D afin de renforcer les capacités de ses modules d’IA.
L’accord de la CNIL annonce donc le début effectif du projet. Un « défi technologique et sanitaire » que le Dr Arnaud Rosier est « impatient de relever ».
1 : Commission nationale de l'informatique et des libertés