GHM de Grenoble : face à la perspective d’une vente au privé lucratif, la risposte d’un collectif

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Le projet de cession du Groupement hospitalier mutualiste (GHM) au privé lucratif dans le bassin grenoblois suscite l'indignation du collectif des usagers des cliniques mutualistes de Grenoble, qui a décidé de contre-attaquer à travers une campagne de communication, des actions juridiques et une mobilisation le 11 mars.

GHM de Grenoble : face à la perspective d’une vente au privé lucratif, la risposte d’un collectif

« Nous n'avons aucune garantie que la clinique reste d'intérêt collectif et qu'elle ne soit pas vendue au privé lucratif », alerte dans un communiqué de presse daté du 6 mars le collectif des usagers des cliniques mutualistes de Grenoble qui est à l’origine d’une pétition pour enrayer ce processus. Selon lui, la perspective d’une vente « sans condition ou dans des conditions inavouables pour une mutuelle » du Groupement hospitalier mutualiste (GHM) - surnommé "La Mut" - « interroge sur le devenir de l’accès aux soins sur Grenoble ». Enfin, cela pourrait avoir des conséquences dramatiques sur l’offre de soins et la qualité de la prise en charge de patients.

Placé sous statut d'Espic (Établissement de santé privé d’intérêt collectif), le GHM, qui est le deuxième acteur du territoire après le CHU de Grenoble, est doté de missions de service public et assurait jusqu’à présent un accès universel et gratuit aux soins. Il emploie des médecins libéraux « mais a toujours refusé de faire porter les dépassements d'honoraires sur ses patients, en choisissant de les prendre en charge », selon La Tribune. Mais le projet de cession de l'actuelle direction, composée du groupe Adrea et de la Mutualité Française, menace ce positionnement.
 
Les revendications du collectif sont donc les suivantes :
- maintien du statut d'Espic ;
- remboursement des dettes du GHM avec les bénéfices de la SCIMI qui possède les murs ;
- inclusion des usagers et de salariés dans les décisions.
 
Par ailleurs, « avec une dizaine de candidats à la reprise, Adréa peut aussi arrêter de parler de la non-viabilité́ de notre hôpital », estime le collectif qui pense que le projet coopératif « dérange », alors que « cette nouvelle voie pour notre santé pourrait faire ses preuves en termes de pérennité́ économique et de qualité́ de soins ». C’est la raison pour laquelle il a mis en place une stratégie (lire encadré ci-dessous) pour remporter ce combat.
 
Et d’ajouter que l’offre de reprise sous le format d'une société coopérative (SCIC) est un « obstacle » aux « obscurs desseins » de la direction du GHM. C’est pourquoi « il faut la casser ».  

Lancement d'une campagne

Pourtant, le projet de coopérative « assure que notre outil économique est au service de la santé », considère le collectif qui évoque « un prix cohérent et non spéculatif » assisté par l’URSCOP (Union régionale des SCOP) et le cabinet d’audit financier PWC. Mais aussi le soutien des usagers, salariés et autres collectivités locales qui serait « un gage de sécurité et de pérennité et non de chaos ».
 
« Entre la médecine privée à but lucratif et le CHU en crise, nous représentons l’avenir d’un service public de proximité́, de qualité́, géré́ démocratiquement, avec et pour les usagers. C’est ce projet que nous voulons et c’est cela qui les dérange », conclut le collectif qui va lancer une campagne de communication pour pousser les grenoblois à dénoncer leurs contrats avec la mutuelle.
 
« Une attaque directe au porte- monnaie » qui « devrait avoir un certain impact sur ces marchands de santé ».
 
 

Mobilisation le mercredi 11 mars
Le collectif des usagers des cliniques mutualistes de Grenoble organisera le mercredi 11 mars un rassemblement à 15h devant la « boutique » Adréa, 32 avenue Félix Viallet. L’occasion de dévoiler en détail leurs leviers pour contrecarrer les plans d’Adréa : « casser la vente si nécessaire pour non respect des statuts du GHM et du code de la Mutualité dans le cadre des décisions prises » et « attaquer Adréa et la Scimi dans le cadre d’un recours collectif pour mise en danger de la santé publique et abus de biens sociaux ». Le député François Rufin interviendra à 15h30 pour préparer une question au gouvernement et au nouveau ministre de la Santé, Olivier Véran, ex-praticien et député grenoblois. Avant une déambulation jusqu’au parvis de l’hôpital mutualiste, 115 rue d’Alembert. Arrivée prévue à 17h pour un goûter convivial entre usagers et salariés.

 

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