Facebook sauvera-t-il la psychiatrie ?

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Suivre ses patients via Facebook, c’est pour bientôt

Facebook sauvera-t-il la psychiatrie ?

Les réseaux sociaux peuvent être utiles pour détecter les signes avant-coureurs d'une pathologie psychiatrique. Et il faut que les psychiatres en tiennent compte. C’est ce que suggère un état des lieux publié dans le numéro de novembre du Lancet Psychiatry

Et si demain, la psychiatrie se résumait à l’analyse de données Facebook ? Ne rigolez pas trop. Une telle extrémité semble peu probable, mais selon un état des lieux publié ce mois-ci par le Lancet Psychiatry, les informations disponibles sur le plus grand réseau social permettent déjà d’ébaucher des prédictions sur la santé mentale des utilisateurs.

Dans ce papier, les auteurs citent notamment une étude menée en 2010 sur 200 étudiants américains dont le profil Facebook était public. Sur ce panel, 25 % ont montré des signes semblables à ceux de la dépression, et 2,5 % ont montré un épisode dépressif sévère. L’utilisation de ces différentes informations n'est pas une première. Les données de Facebook ont ainsi déjà été analysées notamment pour évaluer le stress et étudier certains traits de personnalité.

L’équipe à l’origine de cette publication considère que l’utilisation des données pourrait améliorer directement la prise en charge du malade. Elle va d’ailleurs plus loin : il sera d’après eux très prochainement nécessaire que psychiatres et professionnels de santé tiennent compte de l’impact des réseaux sociaux dans leur pratique quotidienne.

Un outil à mettre entre toutes les mains

« La génération Z intègrera probablement naturellement cet outil, puisqu’elle a grandi avec », prédit le Dr Jean-Marie Pairin, psychiatre à l’hôpital Sainte-Anne à Paris particulièrement actif sur Twitter sous le pseudo de @DrPsydufutur. « Il est évident que l’outil est amené à être utilisé par une majorité de psychiatres, et ce dans un avenir très proche », ajoute le praticien.

Celui-ci doute toutefois des conséquences pratiques que l’on peut tirer du papier du Lancet. « Je ne sais pas si dans un cadre prédictionnel, Facebook serait très pertinent », explique-t-il. « Cela reste un réseau social sur lequel on choisit ce que l’on met en avant pour paraître à son avantage. » Le psychiatre insiste également sur le nécessaire encadrement du recueil de telles données. « Il ne faut pas perdre de vue que ce sont des informations personnelles dont les médecins pourraient disposer », prévient le praticien. 

Aujourd’hui les SMS, demain le monde !

Des limites qui ne doivent, selon Jean-Marie Pairin, pas faire perdre de vue que Facebook est aussi un moyen pour le patient d’accéder plus facilement à un praticien. Le réseau social pourrait en effet devenir, dans un avenir assez proche, un outil préférentiel de communication vers les patients psychiatriques. 

Il pourrait donc d’après ce médecin twittos intégrer le niveau tertiaire de prévention du suicide, par exemple, qui consiste pour l'instant à maintenir un lien régulier avec le patient via SMS (le niveau primaire étant l’envoi d’alerte à un centre d’appel, et le niveau secondaire étant un check d’un écoutant vers le patient deux fois par semaine sous forme d’appels téléphonique). 

Si par un improbable hasard, vous faites partie des rares soignants à ne pas encore avoir vendu votre âme à Mark Zuckerberg, dites-vous bien que vous n’y échapperez pas longtemps. 

Source:

Johana Hallmann

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