Etudes de santé : le Conseil d’Etat donne raison aux étudiants

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Avec la réforme des études de santé, les étudiants qui passent le concours pour la première fois s’estiment lésés. 

Etudes de santé : le Conseil d’Etat donne raison aux étudiants

La réforme des études de santé devait permettre un parcours facilité pour les étudiants. “Mais aujourd’hui, c’est pire que le numerus clausus”, raconte Pascale, pharmacienne et membre du Collectif Pass Las Nîmes Montpellier. A ses côtés, des professionnels de santé et des parents d’étudiants en première année ont déposé, début avril, un recours devant le tribunal administratif de Montpellier. Ensemble, ils contestent la réforme des études de santé, et plus précisément le sort qu’il est fait des premières années. Ils dénoncent les inégalités des chances entre primants et redoublants. 

Cette situation s’explique par une transition vers le nouveau système Pass - Las qui ne permet plus de redoubler la première année. De fait, pour la dernière fois, les étudiants redoublants et les primo-accédants se retrouvent à se partager les places disponibles pour poursuivre leur cursus scolaire. Ceux qui échoueront ne pourront retenter leurs chances. Par exemple, sur la faculté de Montpellier-Nîmes, 320 places sont disponibles en seconde année, explique le doyen, dont 172 places pour les redoublants de Paces et 148 places pour les Pass, Las et passerelles. Au total, plus de 1800 étudiants sont inscrits pour présenter ce concours pour la première fois.

C’est à cause de cette distribution que le Collectif Pass Las Nîmes Montpellier a déposé un recours. Selon eux, les redoublants devraient bénéficier de plus de places que les primants. “Les primants ne pourront pas redoubler et devront donc faire une croix sur leur envie de faire médecine”, souligne Pascale. 

Deux années en une

De plus, avec cette réforme, les étudiants en santé ont dû, en plus du programme de première année, faire un semestre avec un autre programme. “C’est comme si l’on nous demandait de faire deux premières années de licence”, raconte Anne. “Rien n’a été fait pour que l’on s’en sorte et là, vraiment je suis épuisée”. Car en plus du tronc commun de santé classique, les étudiants ont dû suivre une discipline mineure comme maths, droit ou encore philo. Cela permet en cas d’échec à la première année de médecine de continuer ses études directement en seconde année dans la discipline mineure choisie. L’idée de la réforme était de réduire l’effet “gâchis” après une année ou deux à travailler qui ne débouchait sur rien en cas d’échec au concours. Sauf qu’entre l’année particulière passée, les cours à distance et les places réservées pour les redoublants, les étudiants qui passent pour la première fois le concours ont l’impression d’être l’année de transition sacrifiée.

En gros, cette année ils n’ont pas pu constituer de groupes de travail à cause du Covid-19, continue Pascale. Ils n’ont pas eu d'aménagement de l’emploi du temps malgré la mineure en plus à présenter. Et avec tout cela, ils apprennent qu’il y a des places réservées pour les doublants. Résultat, en dentaire, par exemple, il y a sept places disponibles pour 1800 personnes.” 

Finalement, fin avril, le Conseil d’Etat, saisi par cinq étudiants de Montpellier, a ordonné la suspension de l’arrêté qui fixait le nombre de places pour les nouveaux étudiants. Une victoire pour le Collectif Pass Las Nîmes Montpellier qui n’entend pas en rester là. Dans la foulée Olivier Véran, ministre de la Santé, et Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, ont annoncé qu’ “un nouvel arrêté sera publié dans les plus brefs délais [et que] les capacités d’accueil ouvertes aux étudiants inscrits dans l’ensemble des filières permettant l’accès aux études de santé seront garanties aux étudiants en cours de formation”.

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