Entre « anus artificiel » et « non, pas ce soir, j’ai la migraine »

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Les YouTubeurs se lancent dans la vulgarisation médicale

Entre « anus artificiel » et « non, pas ce soir, j’ai la migraine »

Confidentielles il y a quelques mois, les chaînes YouTube de vulgarisation médicale gagnent du terrain. What’s up Doc a rencontré deux vidéastes au succès grandissant.

 

Pour le lancement de « Dans ton corps », sa chaîne YouTube, Julien Ménielle a trouvé un sujet des plus accrocheurs : « C’est quoi un anus artificiel ? » Résultat : en deux semaines, son premier opus (voir ci-dessous) a été visionné plus de 200 000 fois. Une entrée plus qu’honorable dans le petit monde de la vulgarisation médicale2.0 pour cet ancien infirmier, accessoirement ancien rédac’ chef vidéo de 20 Minutes.

« Au bout de huit ans chez 20 Minutes, j’ai eu l’impression d’avoir fait le tour », raconte le YouTubeur. « Ma vocation, c’est plutôt d’écrire et de faire des vidéos. » Par des chemins détournés, l’ex-soignant devenu journaliste revient à donc ses premières amours : la santé. Son idée : « Faire de la vulgarisation sur un ton léger, utiliser l’humour pour tenir l’internaute en haleine et démystifier », explique-t-il.  « Et ne jamais se moquer de qui que ce soit, surtout pas des malades ».

Une terre à conquérir
Le terrain de la vulgarisation médicale est relativement vierge sur YouTube. On y trouve d’ailleurs étrangement peu de médecins. D’après les informations recueillies par la rédaction, l’implication de la profession en la matière se résumerait à deux chaînes : le PsyLab, tenu par deux psychiatres nordistes, et Primum Non Nocere, tenu par François, jeune médecin hospitalier. La dernière vidéo de ce dernier est presque aussi aguicheuse que celle de Julien : « Pas ce soir, chéri, j’ai la migraine ».

« Quand j’ai commencé à m’intéresser au sujet, je n’ai pas trouvé de vraie chaîne de vulgarisation médicale », raconte François. Ce qui l’a motivé pour se lancer ? « Les idées reçues sur la santé », répond-il. Par exemple, la manière dont on réanime les personnages qui ont fait un arrêt cardiaque au ciné ou à la télé.

« Comme avec les patient, mais face à une caméra »

La volonté de transmettre est au cœur de sa motivation. « Je communique mon savoir, mais j’en apprends aussi tous les jours », s’enthousiasme le jeune praticien. Il confesse même que sur certains sujets, ses connaissances étaient si erronées qu’il dû tout reprendre à zéro avant de commencer le tournage.

Même esprit pédagogique du côté de Julien : « L’idée, c’est de faire ce que j’ai toujours fait », explique-t-il. « La dimension éducative fait partie du rôle de l’infirmier. Je fais la même chose que ce que je faisais avec les patients, mais face à une caméra ».

60 heures par épisode

Et pour ceux qui voudraient se lancer, un avertissement peut s’avérer utile : il ne faut pas croire qu’on peut faire de la vidéo de vulgarisation médicale en dilettante. Entre la biblio, l’écriture, le tournage et le montage, François estime que chaque épisode représente 60 heures de travail.

 « Tant que ça marche, je continue », annonce-t-il… Mais il reconnaît que la charge de travail est difficilement compatible avec celle qu’il doit actuellement assumer à l’hôpital. De là à envisager une reconversion…

Source:

Adrien Renaud

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