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La médecine est une filière de privilégiés. C’est la formation qui compte le moins d’étudiants boursiers : 26,9% contre 40% en moyenne. Selon le ministère de l’Enseignement supérieur, il n’existe que 33% d’apprenants dont les parents ne sont ni cadres ou de professions intermédiaires supérieurs.
Dans l’article du Parisien, quatre étudiants témoignent : Kylian, Rachel*, Capucine* et Aurélie*. Leur point commun : ce sont des étudiants précaires dans un monde d’étudiants aisés. La différence de moyens, ils l’ont ressentie dès le week-end d’intégration.
https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/enquete-precarite-lanemf-dit-stop-la-deche
Rachel est étudiante à l’Université de Nice, elle explique : « J’ai ressenti un sentiment d’exclusion. J’ai dû prendre sur moi en mangeant moins, en me privant pour pouvoir payer ce week-end qui devait coûter une centaine d’euros. » Boursière échelon 6, elle ne reçoit que 550 euros par mois pour toutes ses dépenses : loyer, charges, nourritures, etc.
Même chose du côté de Capucine*. Malgré la difficulté des études de médecine, elle est obligée d’effectuer des petits boulots : cours particulier, baby-sitting, service en restauration, etc. Elle est actuellement externe et multiplie les gardes aux urgences afin de financer ses Collèges, et réussir le concours de l’internat.
« Trop gênant de dire la vérité »
Si les factures sont une « source d’angoisse » selon Capucine*, le manque de moyen rime aussi avec peu, voire pas, de loisirs. Ses camarades sortent beaucoup. En soirée, mais pas que. Ils organisent des week-ends pour se vider la tête, mais ce n’est pas accessible pour tout le monde : « Le week-end de ski par exemple, c’était 400-500 euros. J’ai dit que c’était impossible pour moi parce que c’est mon budget mensuel. On m’a alors dit ‘mais tu n’as pas de livret A ?’. Ça m’a choquée. Ils m’en ont même voulu de ne pas venir car ça leur faisait des frais supplémentaires, mais ils n’étaient même pas déçus que je ne vienne pas. »
La déconnexion des autres étudiants, c’est un vécu commun aux quatre étudiants. Kylian confie qu’il est « dur de ressentir ce décalage, quand tu vois que tes potes en profitent et que tu n’as pas les moyens… Finalement, je reste avec les étudiants qui ont les mêmes difficultés que moi. »
Pour Aurélie, en cinquième année, le maigre revenu que lui octroie les aides de l’État ne lui permettent pas de vivre convenablement : « Je n’ai aucune intimité et zéro loisir. Je ne vais pas au resto et je ne sors pas boire de verre. J’ai baissé le montant de ma mutuelle au maximum, pareil pour mon forfait téléphonique. Je gratte partout où je peux et comme ça, je survis. »
Certains, comme Kylian, préfèrent s’entourer d’étudiants dans la même situation, mais pour d’autres, il est plus simple de cacher ses difficultés. Rachel estime : « on est tellement peu à venir d’un milieu défavorisé qu’on est honteux. » Cette année, elle ne pense pas participer au gala de fin d’année. « Ce sera trop cher mais je dirai que je ne suis pas disponible, ça serait trop gênant de dire la vérité. »
Le Parisien conclut : « Malgré les difficultés, aucune colère, aucun sentiment d’amertume ou d’envie ne ressort des témoignages. Ce qui les porte, c’est leur volonté de devenir médecin. »
* Les prénoms ont été modifiés