Enquête précarité : l’Anemf dit stop à la dèche

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La situation financière est source d’anxiété pour un nombre croissant d’étudiants, selon l’enquête précarité de l’Anemf qui évoque notamment la rémunération insuffisante des étudiants hospitaliers, les difficultés pour cumuler une activité rémunérée en parallèle des études, les coût des transports ou de logement, mais aussi l’augmentation constante du coût de la vie.

Enquête précarité : l’Anemf dit stop à la dèche

Les études de médecine sont vectrices de mal-être chez les étudiants, que ce soit dans la formation universitaire ou hospitalière, selon l’enquête précarité de l’Anemf qui vient d’être publiée. En cause : le statut de l’étudiant hospitalier, à mi-chemin entre étudiant stagiaire et agent public, synonyme de « rémunération dérisoire pour une formation en alternance entre les bancs de l’université et les stages hospitaliers », selon l’Anemf qui évoque également la hausse du coût de la vie et des études exigeantes.
 
En effet, les contraintes pesant sur les étudiants sont également organisationnelles, car le rythme de vie est très soutenu. Le cursus est particulièrement chronophage et laisse « peu de place pour un job étudiant » ou un « épanouissement personnel », selon l’Anemf.
 
Premier constat du rapport : le parcours universitaire est source d’anxiété. En raison des stages ou du rythme imposé par les études, mais aussi de la situation financière des étudiants. Une anxiété qui augmente tout au long des études, le pourcentage d’étudiants anxieux à propos de leur situation financière passant de 32,6 % à 45,8 % entre la deuxième et la sixième année, et ceci, malgré la rémunération de l’externat.


 
La rémunération des étudiants hospitaliers (lire encadré ci-dessous) est souvent insuffisante. Venant en complément de la rémunération mensuelle, l’indemnité pour les gardes (52 €) est considérée à 71,6 % comme essentielle. Mais les lignes de gardes ne sont pas toutes rémunérées dans plus d’un quart des facultés, ce qui vient « amplifier la précarité et l’anxiété financière des étudiants », déplore l’Anemf.
 
Autre problème de taille souligné par l’enquête : l’alternance entre les cours universitaires et stages hospitaliers n’est pas propice à l’obtention et au cumul d’une activité rémunérée en parallèle des études. Hors stages et gardes, les activités rémunérées pendant l’année (hors été) concernent 42,6 % des étudiants en médecine, contre 33,7 % pour les étudiants hospitaliers (2).
 
Qu’elles soient exercées pendant l’année ou l’été, ces activités rémunérées « améliorent de façon considérable le niveau de vie de plus de 6 étudiants en DFASM (étudiants hospitaliers, NDLR) sur 10  (62,01 %) et sont indispensables pour 28,12 % d’entre eux et ne sont donc pas suffisantes pour permettre un mode de vie convenable », selon l’enquête.


 
Quant aux étudiants boursiers de deuxième cycle, leurs obligations hospitalo-universitaires durant la période estivale les empêchent d’accéder à un emploi d’été afin de compléter leurs revenus. Ils sont donc fortement impactés lors de cette période car leurs bourses se retrouvent suspendues pendant les mois de juillet et août.
 
Conséquences : découvert bancaire, réduction de l’épargne, aide parentale pour cette période, difficulté à payer le loyer, voire cessation de la location du logement pendant l’été.   Or, « toutes ces situations pourraient être prévenues grâce au maintien des bourses l’été pour ces étudiants ayant toujours des obligations de formation pendant cette période », estime l’Anemf.
 
Enfin, le coût des transports impacte fortement le budget des étudiants hospitaliers, qu’il s’agisse d’utiliser les transports en commun pour se rendre à la faculté ou au CHU. 37 % des étudiants ont déjà été mis en difficultés financières à cause des frais de transport engagés pour un stage. Si bien que 22,6 % ont déjà fraudé pour des raisons financières ! De par leur statut d’agent public, ils sont pourtant éligibles au remboursement d’une partie de leur abonnement aux transports en commun.

Prix exorbitant des logements et augmentation constante du coût de la vie

Par ailleurs, l’indemnité mensuelle de transport de 130 €, qui est destinée aux étudiants hospitaliers lorsqu’ils effectuent un stage hospitalier (1), n’est pas toujours versée en intégralité en raison des modalités de versement. « C’est le cas de la très grande majorité des stages à temps plein. Bien souvent, les étudiants ne perçoivent alors que les indemnités correspondantes à des mois de stages accomplis en entier, et perdent donc plusieurs semaines d’indemnité », déplore l’Anemf qui exige d’adapter les modalités de versement de cette indemnité de transport.
 
Comme si tout cela n’était pas assez, il faut bien sûr ajouter le prix exorbitant des logements et l’augmentation constante du coût de la vie. On comprendra donc aisément que 46,5 % des étudiants en médecine ne recommandent pas leurs propres études, en raison de leurs conditions d’études, du déroulement des stages, ou de leur situation financière.


 
« Certes, les études de médecine se font par passion, mais rien ne justifie de tels sacrifices », conclut l’Anemf qui ajoute : « La précarité statutaire et financière de l’étudiant en médecine, et plus particulièrement de l’étudiant hospitalier, doit cesser. » C’est pourquoi l’association exige des changements sur la revalorisation de la rémunération mais aussi sur le respect et sécurisation de leur statut.
 
1 : distant de plus de quinze kilomètres de leur UFR lorsque le stage s’effectue en temps partiel, et de quinze kilomètres de leur UFR et de leur domicile lorsque le stage s’effectue en temps plein.
2 : les étudiants hospitaliers jugent les activités rémunérées indispensables pour 14,5 % d’entre eux, tandis que la moitié d’entre eux considèrent qu’elles améliorent considérablement leur niveau de vie. 44,9 % des étudiants en médecine ont donc des activités rémunérées pendant l’été (hors stages et gardes), contre 33,8 % des étudiants hospitaliers.
 

La rémunération des étudiants hospitaliers​
L’étudiant effectue 36 mois de stage durant son deuxième cycle, avec une présence de 5 demi-journées par semaine en moyenne sur 12 mois. Sa rémunération s’élève à un montant mensuel brut de 129,60 € en DFASM1 (1  555,22 €  brut   annuel), 251,40 € en DFASM2 (3 016,84 €  brut annuel) et de 280,89 € en DFASM3 (3  370,70 €  brut   annuel). À cette rémunération vient s’ajouter celle des gardes, indemnisées à hauteur de 52 €.

 

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