English jelly et cup of tea: un remède contre le burn-out

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Il suffit parfois de s’expatrier pour redécouvrir le plaisir d’exercer

English jelly et cup of tea: un remède contre le burn-out

Médecin généraliste en province depuis 15 ans, avec un anglais scolaire, Jean-Pierre a changé de pays presque par hasard, au détour d’une annonce dans les journaux. Depuis 12 ans, il est « general practitioner » dans un cabinet en Angleterre, pour son plus grand bonheur !

 

A 45 ans, Jean-Pierre se disait qu’il ne tiendrait pas plus longtemps dans ces conditions. Il se sentait fatigué physiquement et moralement, et voyait se profiler le « pépin de santé » dans les 5 ans. « Je me suis rendu compte que je n’arrivais plus à me sentir reposé, même en rentrant de vacances. » Il était frustré des relations qu’il entretenait avec ses patients, biaisées par la concurrence entre médecins. « Si j’essayais de raisonner un patient, de lui refuser quelque chose, j’entendais souvent : "dans ce cas-là je vais aller voir ailleurs’". »

Un jour, il est tombé sur un article dans un magazine médical, sur la demande de médecins généralistes pour exercer en Angleterre, et il a écrit une lettre, pour se renseigner, mais sans vraiment avoir réfléchi à un départ. Il a été convoqué par l’agence spécialisée dans le recrutement pour le NHS (système national de santé anglais). Son diplôme a été automatiquement reconnu, et son niveau linguistique très limité (il n’avait pas fait d’anglais depuis le bac) a suffi aux évaluateurs.

L’agence s’est occupée de faire les démarches administratives à sa place, et même de lui proposer une sélection de maisons dans la région de sa future affectation. « Bien sûr, je n’ai pas été embauché pour travailler dans une grande ville. Grinsby est une ville peu cotée avec beaucoup de chômage, mais c’est en bord de mer, et le quartier dans lequel je suis est agréable. »

« Je fais la médecine dont j’ai toujours rêvé »

La première année a été consacrée à des cours d’anglais, et à une formation sur le système de soins britannique. Puis il a assisté aux consultations de ses futurs collègues, avant d’être doublé par ces derniers pour les siennes. « Au début je mettais deux fois plus de temps que les autres médecins - c’est-à-dire que mes consult’ duraient 20 minutes au lieu de 10 - car l’accent des gens du coin est à couper au couteau ! Mais je m’y suis habitué, tout comme à la tenue du dossier qui exige beaucoup d’écriture ici, car tout doit être consigné de façon précise. »

Mais Jean-Pierre est ravi de son changement de pays : « je fais la médecine dont j’ai toujours rêvé, car ici on nous pousse à gérer le maximum de choses avant d’envoyer les patients chez un spécialiste, contrairement à la France où les patients qui exigent d’aller consulter un spécialiste pour le moindre problème, et où les généralistes n’ont plus qu’un rôle d’adressage. »

R.E.S.P.E.C.T.

Les « GP » (general practitioners, médecins généralistes) travaillent 8 demi-journées par semaine, avec une demi-journée destinée à la formation, soit 40 heures environ effectives. Et ils sont très bien payés, mieux que les spécialistes hospitaliers d’ailleurs, avec environ 3 900 livres par mois (soit environ 7 000 euros).

Mais surtout les rapports sont très différents : Jean-Pierre constate que les patients respectent beaucoup plus leur médecin, avec qui ils signent un « contrat » mutuel qui engage les deux parties. Ce sont les cabinets qui règlent le service des urgences lors de la consultation d’un de leur patient. Si la venue du patient n‘était pas justifiée, le manager du cabinet va le convoquer pour lui expliquer la procédure à suivre en cas de problème médical non urgent. Si le patient « récidive », le cabinet peut rompre son contrat et lui demander d’aller consulter ailleurs.

Le monde à l’envers…

Source:

Sarah Balfagon

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