Dr Sharon Abihssira, ou la chirurgie de la main verte…

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À 31 ans, Sharon Abihssira est une jeune chir ortho à l'hôpital Georges Pompidou, où elle essaie avec ses petits bras et sa jeune influence à rendre son bloc plus vert. Elle nous partage ses souvenirs d'interne...

Dr Sharon Abihssira, ou la chirurgie de la main verte…

© DR.

What's up Doc : Qu’est-ce qui t’a décidée à choisir la chirurgie de la main ?

Sharon Abihssira : J’étais externe, j’ai observé une chirurgie de la main au microscope, j’ai bien dû y passer 20 minutes. La technique consiste à réimplanter les artères et les nerfs, une partie se fait avec des loupes mais c’est mieux au microscope. Le DU de microchirurgie n’est pas facile, les rats ont des petites artères (rires). Mais c’est un univers magnifique que celui de la chirurgie de la main. 

Un stage particulièrement compliqué ?

SA. La chirurgie cardiaque. J’ai beaucoup aimé mais au bloc c’est difficile car les patients ont des pathologies lourdes (diabétiques, coronariens avec stent, insuffisants rénaux…), très stressant. En salle, il y a beaucoup de travail administratif et pas de place pour l’initiative. C’est un rythme de vie difficile.

Quelles qualités faut-il dans ta spécialité ?

SA. La rigueur, l’exigence et la résilience face « aux petits écureuils (écueils, NDLR) sur la route » : le bloc n’est pas à l’heure, il manque une mèche dans la boîte, il y a du pus donc on laisse tomber la prothèse, il manque les résultats du labo…

« En tant que femme médecin, je n'ai pas été la cible de propos ou gestes déplacés, j'ai bénéficié de l'évolution de la société »

En fait, il faut prendre du recul, gérer ses émotions, accepter qu’on ne puisse pas tout contrôler ? 
SA. Oui, et anticiper !

Physiquement, c’est plus compliqué quand on est une femme ?

SA. Il m’arrive parfois de devoir changer de technique opératoire ou de demander de l’aide autour de moi. Autre petit avantage de la chirurgie du membre supérieur, c’est plus confortable.

Le mouvement « #Metoo » a gagné l’hôpital, as-tu été la cible de propos ou de gestes déplacés ? 

SA. Non, j’ai bénéficié de l’évolution de la société, les facs sont maintenant vigilantes et ont mis en place des commissions bienveillance pour les étudiants, mais aussi des formations pour les chefs.

https://www.calameo.com/whatsupdoc-lemag/read/0058461541f3ae496979d?page=1

Tu as fait ta thèse1 sur l’écologie au bloc en 2021, où en es-tu aujourd’hui ?

SA. Je fais toujours partie du CJO2 sur la partie de développement durable, un projet commencé pendant l’internat, et depuis représentante des jeunes à ORTHORISQ en parallèle. Je pense qu’il faut y aller progressivement sans trop d’ambition. À l’hôpital européen Georges-Pompidou, il y a une équipe green dynamique composée notamment d’IADE, IDE, AS. Ils ont une place stratégique au bloc. À Necker ils sont aussi très en avance. À mon niveau j’essaye, par exemple, de ne pas demander à l’avance des outils que je ne vais pas forcément utiliser, j’ouvre les boîtes à la dernière minute, j’utilise moins de consommables, j’essaye de trier. On a aussi besoin des industriels pour nous guider, avec des marquages sur les emballages, sur ce qui peut être recyclé.

Source:

Notes :
1. « Empreinte carbone en chirurgie orthopédique : évaluation des dispositifs médicaux implantables à usage unique et réutilisable dans le traitement des fractures du radius distal »
2. CJO : Collège des jeunes orthopédistes
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