Déserts médicaux : les candidats se grattent la tête

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Déserts médicaux : les candidats se grattent la tête

Hier, cinq structures de jeunes médecins avaient invité les candidats à la présidentielle à présenter leurs solutions contre les déserts médicaux. Principal enseignement de l’après-midi : on n’est pas sortis du pétrin.

Les jeunes médecins s'étaient pourtant donné du mal. Cinq de leurs structures associatives ou syndicales* avaient invité hier les représentants des candidats aux Diaconesses, à Paris. L'objectif : entendre leurs propositions contre les déserts médicaux. (Pardon : « pour un meilleur accès aux soins dans les territoires », comme on dit en langue de bois). Mais le résultat** a été plutôt décevant.

Les prétendants à la magistrature suprême semblent en effet plutôt démunis sur le sujet. La preuve : alors que chacun des envoyés des candidats disposait d'une vingtaine de minutes pour répondre à une question précise (que proposez-vous pour améliorer l'accès aux soins dans les territoires ?), tous sans exception ont préféré consacrer la majeure partie de leur intervention à... autre chose.

Rien à voir avec la choucroute

La palme revient sans doute à l'envoyé de Nicolas Dupont-Aignan, le Dr Jean-Pierre Enjalbert. Celui-ci a démarré son discours par un long propos liminaire sur... le chômage et les délocalisations. Mais ses homologues aussi semblaient trouver que vingt minutes, c'est bien plus qu'il n'en faut pour épuiser le sujet de la démographie médicale. Pour le compte de Jean-Luc Mélenchon, Noam Ambrourousi a par exemple insisté sur la prévention. Au nom de Marine le Pen, Mickael Ehrminger a pour sa part dénoncé la « pompe aspirante de l'immigration ».

Quand ils en sont enfin venus au fait, les émissaires des candidats n'avaient que des solutions réchauffées à proposer. Du Dr Jean Leonetti (envoyé par François Fillon) au Dr Michel Amiel (qui portait la parole d'Emmanuel Macron), tous ou presque misent sur les maisons de santé pluridisciplinaires (mais attention, pas si elles ne sont pas sous-tendues par un vrai projet médical, hein). La majeure partie d'entre eux se sont aussi prononcés pour un desserrement du numérus clausus. Seule proposition originale, encore que controversée : les 4000 centres de santé que Jean-Luc Mélenchon envisage de créer.

Un lâche soulagement

« Je suis rassuré sur un point, aucun candidat n'a revendiqué ou assumé des méthodes coercitives » pour améliorer l'accès aux soins, concluait hier Stéphane Bouxom, porte-parole de l'Isnar-IMG qui jouait le rôle de maître de cérémonie.

Normal : le grand absent de l'après-midi était Benoît Hamon. C’est dommage. Si sa proposition de conventionnement sélectif ne plaît pas à tout le monde, c'est l'une des seules idées originales de la campagne en matière de démographie médicale. Pour le reste, c'est un peu… le désert.

* Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf), Inter syndicat national des chefs de clinique et assistants (Isncca), Intersyndicale nationale automne représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG), Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants (Reajgir), et Syndicat national des jeunes médecins généralistes (SNJMG).

** Les interventions des émissaires des candidats sont intégralement en ligne sur la page Facebook de l’événement.

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