Des thérapies alternatives aussi efficaces que la vraie médecine pour plus de la moitié des Français, mais…

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Une nouvelle étude révèle que les Français ont majoritairement une bonne image des thérapies alternatives – mais estiment tout de même qu’elles devraient être mieux encadrées par l’Etat.

Des thérapies alternatives aussi efficaces que la vraie médecine pour plus de la moitié des Français, mais…

© IStock

Homéopathie, naturopathie, ostéopathie, acupuncture, huiles essentielles… Toutes ces « thérapies alternatives » ont de plus en plus la cote parmi les Français, en dépit de l’important travail réalisé par différents groupes de scientifiques et médecins, en particulier via internet, pour mettre en garde sur les dangers de ces pratiques. Un sondage, publié le 11 mai dernier et réalisé par Odoxa pour l’Union nationale des associations de défense des familles et de l’individu victimes de secte (Unadfi), avec le soutien financier de la Miviludes, dévoile qu’une grande part des Français ont une image positive de ces médecines non conventionnelles.

Plus d’un Français sur 2 disposé à y avoir recours

Globalement, le sondage fait apparaître que 70 % des Français interrogés ont une image positive des thérapies alternatives en général. Un chiffre qui ne signifie pas que la médecine conventionnelle serait abandonnée, au contraire, puisque 84 % des sondés déclarent également en avoir une bonne image.

Cependant plus de la moitié des Français (57 %) considèrent que les thérapies alternatives sont au moins aussi efficaces que la médecine classique de façon générale. Dans le même ordre de grandeur, un peu moins de 6 Français sur 10 pensent qu’on peut se fier aux diagnostics des praticiens proposant des traitements alternatifs et qu’on peut avoir confiance dans ce type de méthode pour se soigner. Par ailleurs, les personnes interrogées semblent presque toutes d’accord (76 %) pour dire que les thérapies alternatives sont complémentaires de la médecine classique.

Ces perceptions plutôt positives sont toutefois paradoxalement accompagnées d’un sentiment de méfiance. Ainsi, 64 % des sondés pensent que les thérapies alternatives sont moins efficaces que la médecine classique pour les pathologies graves ou chroniques. Une proportion similaire ne se trompe d’ailleurs pas en indiquant que ces thérapies ne sont pas reconnues scientifiquement. De même, 61 % des Français pensent que face à des symptômes inconnus, ils ne consulteraient pas un praticien en thérapie alternative en priorité.

Des méthodes de soin très populaires parmi les Français

L’enquête fait ressortir que certaines méthodes de soin sont particulièrement prisées par les Français, notamment l’ostéopathie (46 %), l’homéopathie (42 %) et les huiles essentielles (37 %), qui font partie des thérapies alternatives auxquelles les personnes interrogées ont le plus recours.

Des différences se font également sentir en fonction de l’âge et des catégories professionnelles. Ainsi, moins d’un Français sur 5 admet avoir déjà suivi une thérapie liée à l’alimentation, mais cette proportion est beaucoup plus élevée chez les moins de 25 ans (30 %) et les cadres (25 %). Parmi ces traitements, le jeûne (9 %) et la détox alimentaire (9 %) sont les plus répandus.

Les motivations de recours aux thérapies alternatives sont également assez intéressantes. La première raison invoquée (40 %) est d’aider à soulager une douleur chronique. La seconde est la volonté d’accéder à un remède « naturel et non -invasif ».

Une réponse aux difficultés d’accès aux soins

De manière générale, les Français sont plus prompts à recourir aux traitements alternatifs aujourd’hui qu’il y a cinq ans (54 %).

Pour les personnes interrogées, si ces thérapies se développent davantage de nos jours, c’est parce qu’elles « offrent des solutions aux difficultés qui se posent actuellement dans l’accès aux soins des Français », explique l’institut. « Dans notre sondage, ceux-ci ont majoritairement le sentiment que ces méthodes de soins compensent la difficulté à obtenir des rendez-vous avec des médecins (58 %), les déserts médicaux (54 %), les consultations trop rapides, expéditives (52 %), les pathologies mal soignées (52 %) et la saturation des services hospitaliers (51 %) », fait remarquer Odoxa.

Pourtant, les répondants restent tout de même assez lucides sur les « risques de dérive » relatifs à ce type de thérapie : 71 % des Français pensent que les traitements alternatifs peuvent donner lieu à des « dérives sectaires » et une proportion légèrement plus faible pense qu’un praticien de ce type de thérapie peut exercer une « emprise sur une personne ». Également, 59 % des répondants ont affirmé que les théories en lien avec la pratique des thérapies alternatives peuvent mener à une radicalisation.

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Pour conclure, 81 % des Français sont d’accord sur le fait que l’État doit mieux réglementer et encadrer l’activité des praticiens en thérapies alternatives, un « consensus large qui indique une aspiration à sortir du cadre informel dans lequel se situent parfois ces pratiques, pour capitaliser sur leurs apports et éviter leur dévoiement », souligne l’institut de sondage. Comme sur de nombreux autres sujets, les Français semblent donc attendre que la réponse vienne de l’Etat. Si le déremboursement de l’homéopathie a constitué une forme de réponse, on perçoit qu’une voix plus forte est nécessaire.

Raphaël Lichten
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