Des taux de mortalité infantile inquiétants dans le Val-d’Oise, que faire ?

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Comment sauver "20 à 40 nouveau-nés" chaque année dans le Val-d'Oise ? Le conseil départemental se penche sur la délicate question de la mortalité infantile, indicateur-clé de la santé d'une population, qui est le plus élevé d'Ile-de-France.

Des taux de mortalité infantile inquiétants dans le Val-d’Oise, que faire ?

Dans ce département de grande couronne parisienne, le taux de mortalité infantile, soit le nombre de décès avant l'âge d'un an, stationne à environ 4,6 décès sur 1.000 naissances, contre environ 3,8 à l'échelle régionale entre 2014 et 2016, dernière période de chiffres consolidés de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).

Le Val-d'Oise se situe ainsi juste devant la Seine-Saint-Denis (4,43 pour 1.000) et dans le peloton de tête des départements métropolitains les plus concernés pour ces décès de nouveau-nés. Ces deux départements franciliens sont aussi touchés par un taux de mortinatalité (enfants nés sans vie) plus élevé que la moyenne nationale.

L'Est du département, en proie à un taux de pauvreté de 17%, contribue particulièrement à ce résultat.

"Ces indicateurs inquiétants découlent de la prise en charge insuffisante de certaines femmes pendant la période périnatale, notamment quand elles sont dans une situation de vulnérabilité", pointe le conseil départemental dans un rapport consulté par l'AFP.

"L'ensemble des professionnels de santé de ville et de l'hôpital témoignent également d'une augmentation du nombre de femmes enceintes isolées en situation d'hébergement précaire, inscrites dans un parcours migratoire, ce qui peut renforcer leur éloignement des circuits traditionnels de santé", soutient ce document.

"La mortalité infantile a atteint un niveau qui aurait été inimaginable il y a 50 ans", rappelle de son côté Magali Barbieri, directrice de recherche à l'Institut national d'études démographiques (Ined), spécialiste de ces questions.

Mais "l'accroissement du nombre de naissances à risque" notamment à cause de l'augmentation de l'âge maternel ou de grossesses multiples, ainsi que les "caractéristiques de la mère" - santé mais aussi contexte économique et social - sont des pistes pour expliquer les chiffres actuels, estime-t-elle.

4,5 millions d’euros débloqués dans le Val-d’Oise pour lutter contre la mortalité infantile

Afin de mieux insérer les futures mères dans le parcours de soin, le département prévoit une enveloppe de 4,5 millions d'euros sur deux ans pour renforcer son action, via le service de protection maternelle et infantile (PMI) qui mobilise déjà "plus de 300 agents".

"Une dizaine de recrutements de professionnels de santé va être lancée et un cabinet médical itinérant est à l'étude", ajoute sa présidente (LR) Marie-Christine Cavecchi.

Multiplier les entretiens prénataux précoces et visites de sage-femmes à domicile ou encore fournir des lecteurs de glycémie pour les femmes diabétiques non assurées sociales font partie des autres mesures concrètes évoquées.

"La prise en charge est essentielle dès le départ et il faut que la personne soit consciente des risques" même si "forcément on ne veut pas penser à ça en étant enceinte", confie à l'AFP Essia Morellon qui a perdu une de ses deux jumelles, née sans vie en 2013.

Dans son cas, une prééclampsie et une prise en charge tardive à l'hôpital ont conduit à "un scénario cauchemardesque" lors de l'accouchement.

Avec son association "Maëlys sensibilisation au deuil périnatal", cette Val-d'Oisienne a lancé une campagne basée sur la diffusion d'œuvres artistiques et de témoignages de parents, et aimerait les rendre accessibles dans des lieux de santé comme les maternités.

Car quand le drame survient, l'accompagnement psychologique est indispensable.

"Au bout de cinq jours je suis sortie de l'hôpital et je suis allée directement aux pompes funèbres", sans prise en charge psychologique ou accompagnement administratif, regrette-t-elle, alors qu'il fallait "faire le deuil de tous nos projets".

En Seine-Saint-Denis, un centre de PMI précurseur s'est justement spécialisé dans l'accompagnement et le soutien des familles touchées par la mort d'un enfant pendant la grossesse ou après la naissance.

Créé en 1982, Empathie 93 œuvre aussi envers les soignants pour les soutenir et mieux les former.

Avec AFP

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