Grossesse à risque

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Il n'est pas anecdotique de se demander si les médecins se préservent ou, au contraire, s'exposent à des risques de grossesses compliquées plus importants que la population moyenne. Grossesse patho : la prévention a du boulot !

Grossesse à risque

Les grossesses des médecins ne sont pas sans risque, mais, selon C. Houlbert¹, ni plus, ni moins que le reste de la population générale. En effet, il rapporte, sur 527 généralistes interrogées, un taux de 25 % de complications de grossesse ayant nécessité une prise en charge hospitalière, pour 66 % de grossesses rapportées sans problème particulier.

 

Dans la population générale en 2013, sur la base d’une étude sur les grossesses pathologiques réalisée par Opinion Way², portant sur un échantillon de 1 005 femmes de 18 ans et plus, 28 % d’entre elles déclaraient avoir eu une grossesse pathologique³. Une proportion donc similaire à celle observée chez les médecins.

 

Ch. Butaud12, qui a interrogé, 167 femmes internes en médecine en 2013, retrouvait 25,7 % de situations de menace d’accouchement prématuré (MAP). Dans 10,2 % des MAP, une hospitalisation a été nécessaire contre 7,5 % pour la population générale. Une différence significative selon Ch. Butaud, qui a cherché à mettre en évidence des facteurs de risque indépendants majorant le risque de MAP avec hospitalisation : temps detrajet quotidien supérieur à 30 minutes,nombre de nuits travaillées supérieur à2 par mois… Des facteurs de risque loind’être rares chez les jeunes médecinsinternes.

En tout cas, MAP ou pas, 15 % des internes de cette étude ont été hospitalisées au moins une fois durant la grossesse et 61 % ont été arrêtées au moins une fois.

 

De notre côté, sans pour autant être significativement représentatives, sur les 12 femmes de différentes spécialités que nous avons interrogées pour cette enquête de What’s Up Doc, dont une majorité avaient eu des grossesses en milieu hospitalier, les 2 tiers rapportaient avoir fait au moins une grossesse pathologique.

 

Côté prématurité, la tendance légèrement inflationniste des jeunes médecins se confirme. Quand, dans la population générale, les données de l’HAS de 2012 reportaient que 6,3 % des naissances

vivantes survenaient avant 37 semaines d’âge gestationnel4, du côté des médecins, C. Houlbert¹ montrait que 10 % de 527 généralistes interrogés déclaraient des antécédents de prématurité.

 

Les grossesses pathologiques sont lourdes d’impact en termes d’arrêt de travail et de ressources financières (Lire les articles « les 5 clés ») d’autant que les aménagements sont très limités comme le dit Chlotilde, chef de clinique, gynéco-obstétricienne de 32 ans, bientôt mère de 2 enfants : « J’ai dû être arrêtée dès la 12e semaine pour toute ma grossesse ! On avait évoqué avec mon gynéco un éventuel mi-temps thérapeutique pour le 3e trimestre mais c’est impossible à réaliser : la définition du « mi-temps » dans le milieu médical n’est pas la moitié du temps de travail classique… »

 

Au-delà du rythme de vie et de travail, les métiers de la santé exposent à d’autres risques à ne pas déconsidérer : exposition aux rayons, à des substances chimiques toxiques, aux infections, etc. Ces éléments sont recensés dans l’ouvrage Grossesse et travail de D. Lafon qui précise en substance que « l’évidence épidémiologique disponible permet de conclure à des risques pour la grossesse associés aux métiers de la santé ».5

Source:

¹ Houlbert C. Conditions de vie et d’exercice des femmes médecins généralistes installées en Midi-Pyrénées. Th`ese d’exercice, 29 octobre 2013.
² www.opinion-way.com
³ Butaud C. Les menaces d'accouchement prématuré chez les internes en médecine de la région Rh^ones-Alpes de 2010 `a 2013. Th`ese d'exercice, 25 mars 2014.
4 Données épidémiologiques générales liées `a la grossesse. HAS janvier 2012.
5 Lafon D., Grossesse et Travail 2010 EDP Sciences.

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