Cruel Summer

Article Article

Ciné summer: La Femme de Compagnie, de A. Marquardt (sortie le 22 juillet 2015)

Cruel Summer

C'est le temps des vacances, synonyme de disette cinématographique (raison pour laquelle la rubrique prend un peu de champ cet été...), et autant le dire, on attendait beaucoup de ce petit film arty, projeté dans quelques salles obscures seulement, pour pouvoir continuer à disséquer les problématiques médicales et psychologiques parcourant le septième art.

Eh bien pour ce début d'été c'est raté! L'ambition du film étant inversement proportionnelle à son budget, on pouvait s'attendre à une habile réflexion sur la dangerosité inhérente à toute psychothérapie - via l'abord d'un modèle de thérapie extrême, type apprentissage social appliqué au sexe. C'est certes ce que le film montre, mais à la façon d'une fable amère s'appuyant sur une trame scénaristique peu convaincante, voire étique.

Ainsi Ronah aide-t-elle les hommes manquant de confiance en eux, hantés de traumatismes ou encombrés de complexes, à envisager sereinement une relation sexuelle voire sentimentale avec une femme. Elle leur propose des séances rémunérées en fixant le cadre de ces rendez-vous aussi strictement que pour nimporte quelle autre thérapie. Empathique et professionnelle, elle reste convaincue qu'elle peut mener ces thérapies - vaguement supervisée par le psy qui lui adresse ses clients - sans heurt. A l'image de sa vie, de laquelle elle-même semble prendre soin d'évacuer tout enjeu affectif (c'est peut-être l'aspect le plus intéressant du film).

Bien évidemment la réalisatrice s'évertuera à montrer qu'un tel contrôle est impossible, surtout dans un domaine si obscur et si complexe. Mais à vouloir trop appuyer son propos, le film prend une tournure presque moralisatrice, d'autant qu'on peine à s'attacher à cette femme qui semble elle-même danser autour du vide de sa personnalité, et se servir de ces sessions thérapeutiques à visée parasitaire.

Piégée par l'insuffisance de son propos, la réalisatrice nous propose une fin expédiée, laissant à "She's lost control" (titre original de cette fable à valeur de morale) un goût de coïtus interruptus.

Source:

Guillaume de la Chapelle

Les gros dossiers

+ De gros dossiers