Covid : ruée sur le dépistage, pharmacies et labos à l'heure du crash-test

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Après une fin d'année sur les chapeaux de roue, la cadence de dépistage du Covid-19 continue d'accélérer depuis la rentrée : pharmaciens et biologistes craignent de manquer de stocks et de bras pour « tenir le choc » comme le leur demande le gouvernement.

Covid : ruée sur le dépistage, pharmacies et labos à l'heure du crash-test

Il est des records dont on se passerait. Celui des tests Covid a encore été pulvérisé la semaine dernière : 8,3 millions selon le ministère de la Santé, en hausse de 20% par rapport à celle de Noël, avec au passage un nouveau pic quotidien à 1,9 million le 31 décembre, juste avant le réveillon du Nouvel An.

Et le rythme n'a pas fini d'augmenter, puisque le « total sur 7 jours glissants » s'élevait à près de 8,9 millions mardi, selon le dernier bilan consulté jeudi par l'AFP.

Mis en surchauffe par le très contagieux variant Omicron, « le système de test est en tension, incontestablement », a reconnu Jean Castex jeudi sur BFMTV et RMC.

« Il faut tenir le choc », a ajouté le Premier ministre, justifiant au passage la vente d'autotests en grandes surfaces - autorisée jusqu'au 31 janvier - par le manque de « bras » pour effectuer les tests, ce qui explique que « les délais s'allongent un peu ».

Dans les laboratoires, un problème de bras 

Un euphémisme, car vu du terrain « les files d'attente s'allongent partout », observe le président du Syndicat des biologistes, François Blanchecotte, qui espère « que les gens aient de la patience ».

Dans les laboratoires, qui réalisent un tiers du total des tests, « c'est un problème de bras », confirme-t-il, souhaitant obtenir rapidement une dérogation pour élargir « les catégories de professionnels qu'on pourrait employer », tant du côté soignant qu'administratif. Car « le prélèvement ne prend que trente secondes, contre deux à trois minutes pour rentrer les informations dans le fichier SI-DEP ».

En attendant, leur fardeau vient d'être un peu allégé pour le « criblage » des mutations du virus, avec une cible abaissée de 80% à 25% des cas positifs.

« Les scolaires, c'est trop »

Une bien maigre compensation au regard de l'afflux lié à la rentrée scolaire, qui « va nous poser des problèmes », prédit Philippe Besset.

« Quand on a une classe entière à tester dans un temps très court, c'est matériellement impossible », insiste le président de la FSPF, principal syndicat de pharmaciens.

Avec le nouveau protocole dévoilé dimanche par le ministre de la Santé, Olivier Véran, pour les « cas contacts » (test antigénique puis deux autotests en quatre jours), « le réseau était capable de tenir le rythme » en se limitant aux adultes, assure M. Besset, « contrarié » par la décision « surprise » d'inclure aussi les enfants.

D'autant plus que les pharmaciens n'échappent pas à la cinquième vague épidémique. « On commence à avoir des membres de nos équipes officinales qui tombent malades, ce qu'on n'avait pas avant », souligne-t-il.

Dans ce contexte, « les scolaires, c'est trop », estime-t-il, préconisant la reprise des dépistages collectifs dans les écoles.

Son homologue Pierre-Olivier Variot aimerait pour sa part « que les autres soignants comme les médecins et les infirmiers libéraux fassent plus de tests » pour soulager les apothicaires.

Le président de l'Uspo, second syndicat de la profession, pointe aussi l'Education nationale, qui détient selon lui « encore trois ou quatre millions d'autotests » en stock qu'elle pourrait distribuer.

Assez pour permettre aux pharmacies de se réapprovisionner sur un marché « pillé par la grande distribution » la semaine dernière, et toujours « sans grande visibilité » aujourd'hui. « On a des autotests, mais pas autant qu'on en voudrait », déplore-t-il.

Redoutant « une démobilisation » de ses confrères après ces revirements du gouvernement, il met en garde contre une possible répercussion sur la campagne de vaccination : « On nous demande de vacciner 25 millions de personnes en cinq semaines, mais dans ces conditions on ne pourra pas le faire ».

Avec AFP

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