"Corporatistes", "médiocres" : deux ex cadres de la FHF crachent sur les hospitaliers

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Dans une Tribune publiée dans le quotidien Le Monde, Guy Collet et Gérard Vincent, anciens responsables de la FHF, vilipendent les plans d'investissement hospitaliers promis par Emmanuel Macron pour lui préférer un changement de statut plus souple, et une fusion avec le privé, tout en remettant en cause la liberté d'installation des médecins. APH et Jeunes médecins dénoncent les propos tenus par ces directeurs d'hôpital.  

"Corporatistes", "médiocres" : deux ex cadres de la FHF crachent sur les hospitaliers

C’est une tribune dans le Monde qui n’est pas passée inaperçue. D’autant qu’elle est signée par deux anciens responsables de la Fédération hospitalière de France (FHF), Gérard Vincent, ancien délégué général de la FHF, et Guy Collet, ex conseiller en stratégie de la Fédération. Craignant un retour au budget global, et la fin de la tarification à l’activité, les deux anciens directeurs d’hôpital plaident pour que les hôpitaux publics adoptent un nouveau statut proche de celui des établissements privés non lucratifs. Ils déterrent ainsi de vieilles lunes, car ce changement de statut avait été évoquée en 2009 lors de l’élaboration de la loi Hôpital, patients, santé et territoires, mais n’avait pas été retenu.
Non contents de défendre leurs positions, les deux anciens directeurs d’hôpital profitent surtout de cette tribune pour vilipender des points de vue qui semblent contraires à leurs aspirations. Pour dénoncer les avis de ceux qui défendent un nouveau mode de financement de l’hôpital, ils parlent de « revendications idéologiques ». Ils dénoncent les « corporatismes protégés par les multiples statuts professionnels et les règles de gestion d’un établissement public administratif », et ajoutent : « Les personnels motivés et engagés, c’est-à-dire l’immense majorité d’entre eux, n’ont pas besoin d’être protégés par des statuts qui ne confortent que les médiocres en toute impunité. »
Ils en profitent également pour remettre en cause la liberté d’installation et défendent un rapprochement du public et du privé. Leur position n’a pas manqué de susciter l’ire des syndicats, en particulier Jeunes médecins, et Action praticiens hôpital. « Les auteurs, un duo de hauts-fonctionnaires à la retraite, n’hésitent pas à employer des termes blessants envers les personnels hospitaliers, démontrant ainsi leur propre médiocrité », dénoncent les deux syndicats de praticiens hospitaliers. Les syndicats de praticiens hospitaliers ajoutent : « Sans doute pris à contre-pied par les marques de reconnaissance de nos concitoyens, de l’attention des pouvoirs publics et même celle de la presse étrangère, ces hiérarques ont-ils pris ombrage que le projet de destruction de l’hôpital public qui les a animés tout au long de leur carrière, soit quelque peu compromis ? » 

Lors de son discours du 25 mars, Emmanuel Macron avait promis, à l’issue de l’épidémie de Covid19,   un «plan massif d’investissement et de revalorisation de l’ensemble des carrières » hospitalières. De quoi faire grincer des dents. Car, outre la tribune de Guy Collet et de Gérard Vincent, de nombreux lobbistes, insittutionnels et commentateurs voient d’un mauvais œil l’instauration d’investissements dans le secteur hospitalier. Cédric Arcos (maître de conférences en politiques de santé, Sciences Po) ; Philippe Denormandie (chirurgien, spécialiste du handicap et de la dépendance) ; Olivier Mariotte (médecin, président de Nile et élu local) ; Benoît Péricard (consultant, ancien directeur d'agence régionale d'hospitalisation et de CHU) ; Guy Vallancien (chirurgien, président de Cham et membre de l'Académie de médecine), ont également signé une tribune, rappelle APH et Jeunes médecins, qui affirme que « ce serait naviguer à courte vue que de prétendre qu'attribuer quelques milliards de plus à l'hôpital serait la seule solution aux réelles difficultés que connaît notre système de santé ». La lutte des crasses est relancée ! 

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