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Ce mouvement de protestation s'organisera à partir du 23 décembre, au lendemain de l'entrée en vigueur de la nouvelle convention tarifaire médicale signée au printemps.
La convention établit que les majorations d'urgence et de nuit, weekend et jours fériés ne seront facturables que si le médecin s'inscrit dans un dispositif de régulation et prend des patients que lui envoie le 15 ou si le patient reçu est réellement en situation d’urgence (suspicion d'une affection mettant en jeu la vie du patient ou l'intégrité de son organisme et nécessitant la mobilisation rapide des ressources humaines et matérielles).
En conséquence, beaucoup de consultations actuellement majorées de 35€ dans ces horaires seront désormais majorées de seulement 5 €, « intenable » selon Aurore Baudoin-Haloche, généraliste dans un centre à horaires élargis (CHE) à Marseille et porte-voix des CHE locaux.
« Médecine à deux vitesses »
Ces centres « qui ne reçoivent aucune subvention publique coûtent très cher puisqu'on est bien plus équipés que des cabinets classiques », souligne la médecin : « Pour cinq euros en plus seulement par patient, les médecins ne vont plus vouloir travailler la nuit ou le weekend », assure-t-elle.
Aurore Baudoin-Haloche s'inquiète d'une « médecine à deux vitesses », où « les patients aux moyens modestes », qui ne pourront pas payer des dépassements d'honoraires, « devront attendre des heures dans des urgences déjà engorgées, ou attendre le lundi pour consulter, alors qu'ils avaient une vraie urgence médicale ».
Des majorations de 35 € la nuit et 19 € les dimanches et jours fériés pourront être perçues uniquement pour les patients en situation d’urgence qui auront été dirigés vers les CHE par le 15.
Selon la Caisse d'assurance maladie, interrogée en décembre, ces centres médicaux proposant des horaires élargis, qui se sont multipliés depuis quelques années, rendent « un service à la population dans plein d'endroits ». Mais « en même temps, on voit bien que cette offre s'est développée en dehors de tout cadre régulé par l'ARS ».
La Cnam déplore notamment « des patients qui arrivent en masse, alors même que certains n'avaient pas nécessairement besoin d'un médecin » en urgence. L'assurance maladie assure par ailleurs reconnaître la pénibilité du travail sur ces horaires élargis avec ces 5 € supplémentaires par consultation.
Selon le rapport annuel de la Cnam, l'activité non régulée en horaires de PDSA (permanence des soins ambulatoires) a quasiment doublé entre 2021 et 2022 (+47,1%), faisant bondir les dépenses associées.
Avec AFP