Construction des villes, construction des champs

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Qu’il soit citadin ou bucolique, l’hôpital moderne se doit d’être connecté à son environnement.

Construction des villes, construction des champs

Hôpital des villes, des banlieues ou des champs ? Pour les architectes, une chose est sûre : l’environnement est toujours une donnée fondamentale. « Le lieu d’implantation, urbain ou en périphérie, est très structurant : la moitié du travail réside dans la prise en compte du contexte », estime Bruno Follin, architecte associé du cabinet AIA. « Un projet en dehors de la ville sera plus évolutif, en revanche les enjeux de mobilité sont beaucoup plus importants », explique Antoine Buisseret, directeur exécutif du cabinet Groupe-6. Un enjeu d’accessibilité d’autant plus crucial que les hôpitaux génèrent d’importants flux de transport. En zone rurale, l’hôpital devra donc être bâti près d’un axe routier et disposer de parkings. En ville, c’est le réseau de transports publics qui se trouvera sollicité.

Ainsi pour le Nouvel Hôpital d'Orléans, l'implantation de l'arrêt de tramway a été adaptée pour en permettre la desserte aisée.

Vous êtes bien urbain

Dans les faits, rares sont les programmes architecturaux qui ne mettent pas en avant la nécessité de concevoir un hôpital « ouvert » sur la ville. L’air du temps semble être à l’hôpital urbain ou de proche banlieue, capable de tisser une continuité avec son environnement, voire de servir de point d’appui au développement d’un quartier. « Je ne crois plus du tout au modèle des années 1980 : on éloignait l’hôpital du centre-ville au profit d’espaces péri-urbains, beaucoup moins coûteux, proches de l’autoroute. Un peu sur le modèle des centres commerciaux », confie Yann Bubien, directeur général du CHU d’Angers.

« L’enjeu aujourd’hui, c’est soit de rester en péri-urbain, soit de revenir au cœur des villes. »

Mètre carré, mon amour 

Le choix d’une implantation urbaine doit s’accommoder d’une réalité foncière difficile. « Trouver un terrain qui peut accueillir un établissement de 600 ou 800 lits en plein cœur de ville, c’est souvent du rêve », explique David Entibi, directeur de publication du magazine Architecture hospitalière. À ce titre, le projet de transfert du CHU de Nantes sur l’île Beaulieu, en plein cœur de la ville, fait figure d’exception. En pratique, le souhait de construire en ville se traduira souvent par le choix d’un terrain en banlieue proche. C’est le cas, par exemple, pour l’immense hôpital Paris-Nord qui devrait voir le jour à Saint-Ouen d’ici 2025. Ce nouvel hôpital viendra s’intégrer au sein d’un vaste projet visant à transformer une zone industrielle en un éco-quartier flambant neuf, regroupant habitations, commerces et bureaux en bord de Seine. 

L’urbanisme à la rescousse

Car la construction d’un nouvel hôpital est souvent au cœur, si ce n’est le point de départ, de travaux d’aménagement plus vastes. « À Bayonne, où nous avons livré un hôpital en zone pavillonnaire, nous avons mis en place une crèche et fait prolonger la ligne de bus afin de désengorger le quartier », indique Bruno Follin. À l’hôpital Robert-Schuman à Metz, également à l’extérieur de la ville, c’est l’amphithéâtre qui a été mis à disposition du quartier. Une continuité encore plus saillante en ville, où l’hôpital, structuré autour d’une « rue » centrale prolongeant la voirie, doté d’un grand hall d’accueil ouvert sur l’extérieur, se doit de plus en plus d’offrir des services n’ayant pas trait aux soins. « Placer un restaurant dans le hall d’un hôpital de ville, ça sert aux usagers en journée, mais aussi aux gens du quartier pour aller dîner à l’hôpital le soir », explique Bruno Follin. Les années 1970 avaient vu l’essor des grands hôpitaux monobloc, citadelles technologiques isolées en périphérie des villes. Aujourd’hui, l’hôpital ne se conçoit qu’au sein d’un territoire, et en harmonie avec lui.

Crédits photos : Hôpital Rennaz, suisse ©architecture Groupe-6 + gd architectes - image Bruno Julien-Mattiet

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