Classement des Spés : DESMU, il était urgent d’innover…

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35ème au classement cette année, la médecine d’urgence, jeune spécialité, reste relativement stable (+3 places). Quelle est l’histoire de cette spé, et comment s’annonce son avenir ?

Classement des Spés : DESMU, il était urgent d’innover…

La médecine d’urgence est une spécialité récente, elle est arrivée cette année 35e au classement des spés, dont vous pouvez télécharger gratuitement l’ensemble des tableaux par CHU et par Spés pour comparer.

Un peu d’histoire 

Capa Urg, DESC Urgences, DESMU… Des acronymes évoluant au fil des années pour définir la formation d’urgentiste. C’est la création et le développement des SAMU et SMUR, en 1975, qui ont été à l'origine de l'essor de cette discipline dans notre pays ! L’oxyologie (des racines grecques oxus, aigu et logos, la science) s’impose sur notre territoire, le constat ayant été fait que le médecin, instruit des « conduites à tenir » devant les différentes urgences, serait en revanche insuffisamment formé pour affronter les états de détresse sur les lieux de l’incident, malgré un plateau technique de plus en plus évolué !1 

En 1986 d’abord, sont créées des capacités de médecine. En 2004 c’est le tour d’un DESC de type 1, qui permettait à ses diplômés de conserver la qualification de DES. La médecine d’urgence est devenue officiellement une spé médicale en 2017, via la réforme du 3e cycle des études médicales. L’objectif : améliorer la formation, l’attractivité et le recrutement des médecins urgentistes.2

Les vœux des futurs urgentistes

En 2018, Baron et al. font un état des lieux du profil des pionniers ayant choisi cette spé : sur les 377 internes des 28 subdivisions ayant répondu, la spé était un premier choix chez 81 % des étudiants. Leurs principales motivations étaient la transversalité, les gestes techniques, le contexte aigu, le travail en équipe et les lieux d’exercice variés. Leurs principales craintes concernaient l’absence de réorientation possible et l’épuisement.3

À travers une thèse en 2021, le Dr Joubault démontre que « la spécialité a connu une baisse d’attractivité en 2018, avec 21 postes non pourvus, alors que 10 postes supplémentaires avaient été ouverts. Cela s’est traduit par une augmentation du rang moyen de choix des internes cette même année ». Depuis, le DESMU semble regagner progressivement en attrait avec des postes pourvus et un rang moyen entre 5400 et 5700. Il montre que « les principaux freins au choix de cette spécialité sont le faible nombre de lits d’aval, le travail en sous-effectif et la pénibilité de l’exercice sur le long terme ».4

Et les docteurs juniors ? 

La Médecine d’urgence est une spé dynamique. Jean-Baptiste Bouillon, membre du comité jeune de la SFMU (Société française de Médecine d’Urgence), nous expose l’enquête réalisée de novembre 2019 à janvier 2020 pour faire le bilan de la première année des docteurs juniors du DESMU : « On a eu un total de 142 réponses [NDLR : sur 352 DJ], portant sur l’ensemble des CHU. Au total : 51 % travaillaient en CHU ; 62 % étaient satisfaits de la procédure de Big Matching. Les motifs de choix du lieu étaient le fait d’avoir fait un stage antérieur dans la structure. "Bonne ambiance" et "Formation" étaient les deux autres motifs les plus fréquents. Enfin, s’ils devaient rajouter un stage, ils souhaiteraient en 1/gynéco-obstétrique, en 2/cardio ou en 3/anesthésie. Ils ne souhaitent pas en retirer. »

Olivia Fraigneau, présidente de l'AJMU (Association des Jeunes Médecins Urgentistes), lance quant à elle une nouvelle enquête en février prochain : Pour ou contre la 5ème année ? Un poste au SAU ou pas dans 5 à 10 ans ? Dans le public ou absolument pas ? 

Décidément, les urgentistes, fondateurs de l’application des 38 h et du repos de sécurité, n’ont pas fini d’être les premiers de la classe en termes de respect, tant des lois que des volontés de leurs affiliés !

 

Source:

1 / https://www.samu-urgences-de-france.fr/medias/files/154/111/329-332%20nemitz.pdf

2 / Ann. Fr. Med. Urgence DOI 10.1007/s13341-017-0710-z ÉDITORIAL / EDITORIAL 2017 : l’an 1 du diplôme d’études spécialisées de médecine d’urgence 2017: The Start of the French Diploma Course in Emergency Medicine

B. Riou, Président de la Collégiale Nationale des Universitaires de Médecine d’Urgence (CNUMU)

3/Ann. Fr. Med. Urgence (2018) 8:289-294 Caractéristiques de la première promotion nationale d’internes du nouveau diplôme d’études spécialisées de médecine d’urgence. Features of the First French Residents National Promotion of Emergency Medicine M. Baron, P. Hausfater et Y. Yordanov

4/ Thèse d’exercice d’Alexis JOUBAUT présentée le 6 Octobre 2021 : Attractivité et démographie du DES de Médecine d’Urgence : quel bilan à 4 ans ?

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