Chirurgie bariatrique : un parcours de prise en charge expérimenté en Ile-de-France

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Quatre centres spécialisés obésité d’Ile-de-France ont décidé de se lancer dans l’expérimentation d’un parcours de prise en charge de patients adultes éligibles à la chirurgie bariatrique selon les critères de la HAS. 

Chirurgie bariatrique : un parcours de prise en charge expérimenté en Ile-de-France

Véritable pandémie mondiale, l’obésité n’épargne aucun pays. Selon l’OMS, 39% des adultes dans le monde sont en surpoids et 13% sont obèses. En France, même si les chiffres restent stables, 17 % de la population adulte est obèse.

Pour mieux répondre à ces difficultés, les quatre centres spécialisés obésité d’Ile-de-France (les CSO Sud, Nord, Centre qui relèvent de l’AP-HP et le CSO Ouest porté par le CHI Poissy/Saint-Germain en Laye et le centre hospitalier privé de l’Europe) ont décidé de se lancer dans l’expérimentation d’un parcours de prise en charge de patients adultes éligibles à la chirurgie bariatrique selon les critères de la HAS (à l’exclusion des patients les plus sévères). Le projet qui couvre la totalité de la région francilienne s’est fixé comme ambition d’améliorer la qualité et la pertinence des soins, de diminuer le nombre de complications, de ré-hospitalisations et de « perdus de vue » après la chirurgie.
 

Innovation organisationnelle et financements dérogatoires

Cette expérimentation sera menée sur cinq ans en vertu du fameux article 51 de la LFSS 2018, puisque le projet est conforme à sa philosophie, à savoir une innovation organisationnelle couplée à des financements dérogatoires au droit commun.
 
Il s’agit en premier lieu de construire un parcours de soins personnalisé pour chaque patient. Une cellule de coordination sera chargé d’organiser ces parcours en lien avec les professionnels concernés, qu’ils exercent en ville ou à l’hôpital. Le projet va reposer sur un partenariat ville-hôpital avec une concertation pluri-professionnelle à chaque étape de la prise en charge à l’aide de l’outil informatique régional Terr-eSanté.
 
L’innovation réside aussi dans un financement dérogatoire par forfaits conçu pour couvrir chaque étape de la prise en charge. Trois forfaits correspondront aux trois étapes de la prise en charge : préparation à la chirurgie ; acte chirurgical et première année de suivi post-opératoire et suivi à partir de la 2e année post-opératoire. Ces 3 forfaits intègreront à la fois des prestations actuellement financées par le droit commun et des prestations actuellement hors panier des soins. Le montant total financé par le fonds d’Innovation sur la durée totale de l’expérimentation a été estimé entre 8 M € et 11 M €.
L’inclusion du premier patient est prévue pour le premier semestre 2020. Au total, 2000 patients vont être inclus. L’évaluation sera faite par la Drees (direction de la recherche et des études statistiques) et la Cnam (caisse nationale d'assurance maladie) avant une généralisation éventuelle à l’ensemble du territoire.
 

L'obésité, une prise en charge au rabais

À l’échelle internationale, la France a été un des premiers pays à faire de la prise en charge de l'obésité une priorité de santé publique, à partir des années 2000, à travers les Programmes Nationaux Nutrition Santé et le Plan Obésité 2010-2013. À son tour, Agnès Buzyn vient de lancer la feuille de route « Prise en charge de l’obésité 2019-2022 ». En dépit de ces efforts, l’obésité reste mal prise en charge avec une augmentation continue du nombre d’interventions de chirurgie bariatrique, multiplié par plus de 20 en vingt ans, alors même que le parcours de soin recommandé par la Haute Autorité de Santé apparait insuffisamment respecté en amont comme en aval de la chirurgie. Près de 50% des patients n’ont plus de suivi cinq ans après l’acte chirurgical ! Selon un rapport de l’Igas (inspection générale des affaires sociales) de 2018, plusieurs facteurs expliquent ces difficultés : absence de prise en charge par l’assurance maladie de certaines prestations essentielles (consultations de diététiciens ou de psychologues, activité physique adaptée, supplémentation vitaminique...), insuffisance de la coordination ville-hôpital et difficultés d’adhésion du patient en période post-opératoire.

 

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