Chacun son rythme

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Depuis avril 2016, What’s up Doc suit quatre jeunes médecins sur la route du développement d’applis e-santé. Un chemin semé d’embûches, qui oblige chacun à adapter sa vitesse pour ne pas verser dans le fossé.

Chacun son rythme

Guillaume à fond la caisse

Guillaume, généraliste nordiste, travaille sur OrdoClik’, un projet de dématérialisation de la prescription. Le principe est simple : le médecin met les ordonnances à la disposition du pharmacien sur un serveur agréé pour héberger des données de santé, avec un exemplaire consultable sur le smartphone du patient.

Après une campagne de crowdfunding menée tambour battant en décembre, Guillaume a commencé le développement d’un prototype. Hélas, il a été stoppé dans son élan. « Le prestataire n’a pas répondu à mes attentes, et j’ai dû recruter par moi-même des développeurs pour les intégrer au projet », raconte-t-il.

Ce genre d’obstacle n’est toutefois pas de nature à décourager le praticien, bien au contraire : le projet OrdoClik’ a clôturé au mois de juillet sa première levée de fonds. En discutant avec les partenaires du crowdfunding, Guillaume s’est en effet rendu compte que les 22 000 euros qu’il avait récoltés étaient suffisants pour un prototype, mais pas pour aller plus loin.

« Il y a désormais douze actionnaires associés, dont dix professionnels de santé », se réjouit le généraliste, pied au plancher. Un changement d’échelle qui va lui permettre de voir plus large que le développement dans la région des Hauts-de-France prévu au départ. « Il y aura des partenariats un peu partout sur le territoire », annonce le startupper.

Quand il se retourne pour contempler le chemin parcouru depuis un peu plus d’un an, Guillaume a un peu le tournis. « C’est vrai qu’on a beaucoup avancé, j’ai dû recommencer deux ou trois fois de zéro, mais ces déboires se sont transformés en tremplins », philosophe-t-il. Et il a appris à se montrer prudent. « Je ne m’engage plus sur une date de sortie de l’appli », dit-il en souriant. « Je me suis rendu compte que c’était irréaliste ».

Amir et romain vitesse de croisière

Ces deux internes, basés l’un à Marseille et l’autre à Paris, sont en train de mettre au point avec un associé développeur une appli nommée MedicEasy : une solution qui entend aider médecins et patients à préparer les consultations. Contrairement à Guillaume qui file à toute allure avec des financements extérieurs, ils ont choisi d’avancer pas à pas en s’appuyant avant tout sur leurs propres ressources.

Leur principal chantier du moment, c’est la question de l’expérience utilisateur. « J’ai remarqué que dans beaucoup d’applis santé, il faut un nombre d’actions important pour arriver à ce qu’on veut », explique Romain. Les deux internes cherchent donc à se démarquer sur ce point. « On a revu notre page d’accueil, pour qu’elle soit plus interactive », annonce le startupper. Mais pas question de se précipiter, ils font tout cela à leur rythme. « Il ne faut pas se diluer ou griller les étapes », explique Romain.

D’ailleurs, quand on lui parle de levée de fonds, Romain temporise. « Notre entreprise n’est pas encore prête », estime-t-il. « Les choses prennent un peu de temps, c’est inhérent à notre situation d’interne. » Ce qui ne les empêche pas d’avancer : un test à grande échelle auprès d’une cinquantaine de « médecins ambassadeurs » et de leurs patients est prévu à l’automne.

Henri point mort

Henri, gastroentérologue universitaire, développe pour sa part un outil de compagnonnage numérique à destination des étudiants et des internes. Baptisé Companion Sheep, il plongera les utilisateurs dans les conditions réelles de la vie hospitalière, sonnant à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit pour présenter à son heureux propriétaire des cas cliniques. Mais depuis quelques mois, Henri a d’autres chats à fouetter. « Je m’y remets en septembre si Dieu et mes enfants le veulent », sourit-il. Le rendez-vous est pris !

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