Au salon des infirmiers, le métier attire et « effraie » à la fois

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« Il y a beaucoup d'opportunités » mais « ce qu'on entend est assez décourageant, ça effraie » : au salon des infirmiers à Paris, des jeunes évoquent une profession qui les séduit mais parfois les inquiète aussi, alors que la crise du Covid-19 a mis en lumière les difficultés du métier.

Au salon des infirmiers, le métier attire et « effraie » à la fois

Accompagnée de deux camarades de promotion, Joana Bismuth passe de stand en stand au parc des expositions de la porte de Versailles, en quête de contacts. « Il y a beaucoup d'opportunités », dit cette élève-infirmière en 3e et dernière année qui a choisi de faire le même métier que sa mère.

Et « la passion est toujours là », assure la jeune femme de 22 ans.

Au Salon infirmier, on croise deux types d'étudiants : ceux qui ont tracé leur route très jeune, comme Joana, et ceux qui, comme Nicolas Peulot, sont tombés dedans par hasard.

« J'ai essayé et au final, j'ai bien aimé », souligne cet élève de 3e année qui vante une profession où l'on se sent « utile », avec un « côté relationnel qui est vraiment fort ».

Et « c'est un métier où il y a du travail », fait valoir le jeune homme de 21 ans.

Les besoins en recrutement sont de fait très importants. L'AP-HP (Assistance publique - Hôpitaux de Paris) estime les siens à 1 100 postes d'infirmiers parmi les 1 400 (tous métiers confondus) actuellement vacants.

Responsable de Staffsanté, une plateforme qui met en relation recruteurs et candidats, Rémi Griffet évoque des emplois à pourvoir sur tout le territoire. « Il y a une grosse pénurie », note-t-il.

Difficulté supplémentaire : certains élèves ne vont pas au bout de leurs études. Quelque 1.300 démissions en cours de formation ont été enregistrées entre 2018 et 2021, relevait Olivier Véran fin octobre.

« Pour leur premier stage à l'hôpital, les étudiants sont arrivés en pleine vague épidémique du Covid et ont vu un hôpital qui ne ressemble pas à l'hôpital du quotidien », expliquait le ministre de la Santé.

Environ « 45% des jeunes diplômés ne savent pas s'ils seront toujours dans la profession dans cinq ans », souligne Thierry Pommier, président du conseil interdépartemental de l'Ordre des infirmiers pour la Corrèze et la Creuse.

« Ils ont été réquisitionnés pour apporter des ressources dans certains services, mais la réalité n'était pas à la hauteur de leurs espérances », indique-t-il.

Le manque d'encadrement durant les stages est pointé du doigt. « On arrive dans un service pleins d'ambition, on veut apprendre tout plein de choses, mais on n'a pas de réponses à nos questions », accuse Amandine Duval, membre de la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi).

Et pourtant, reconnaît-elle, la formation attire les lycéens, avec près de 680.000 postulants sur Parcoursup en 2021. « C'est très ambivalent... Ça prouve que les étudiants sont toujours séduits par la formation », dit-elle.

« C'est un métier qui fatigue physiquement et psychiquement »

Sara (elle ne donne pas son nom de famille), elle, est allée au bout de ses études et, à 22 ans, vient d'être « jetée dans le grand bain » de l'hôpital.

A l'école, elle a entendu dire que « l'espérance » de carrière d'une jeune infirmière, vu le nombre d'abandons, était de « sept ans ».

« Ça ne m'étonne pas : c'est un métier vraiment dur, qui fatigue physiquement et psychiquement, on court partout et on est seule face à nos responsabilités », raconte-t-elle.

Après quatre mois d'activité, elle songe déjà aux possibilités d'évolution professionnelle : « C'est peut-être ce qui peut nous sauver : on peut évoluer en devenant cadre de santé par exemple, ça me plairait bien ».

Encore étudiante, Océane Besnier, 23 ans, envisage pour sa part de travailler hors de France, par exemple en Suisse. « C'est impossible pour moi de travailler ici, il y a trop de patients à charge, on ne peut pas s'occuper d'eux comme on le voudrait », argumente-t-elle.

Devenir infirmière, Chloé Chevassus, 20 ans, en rêve depuis ses six ans. Mais aujourd'hui, alors qu'elle est dans sa dernière année d'études, elle ne sait pas si elle « continuera dans cette voie-là ».

« Ce qu'on entend est assez décourageant, ça effraie », résume-t-elle.

Avec AFP 

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