Attentats du 13 novembre : 7 morts pour 337 admissions, et une mobilisation hors-normes

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Une équipe de la Pitié-Salpêtrière (AP-HP) et de Sorbonne université a analysé les moyens médicaux mis en œuvre le 13 novembre 2015 lors des attentats de Paris. Elle a notamment mis en lumière des blessures plus graves par armes à feu que lors des explosions.

Attentats du 13 novembre : 7 morts pour 337 admissions, et une mobilisation hors-normes

« Les données nécessaires au management des ressources lors d’évènements causant des blessures en masse manquent ». Partant de ce constat, les Prs Mathieu Raux (Anesthésie, Pitié-Salpêtrière), Bruno Riou (SAU, Pitié-Salpêtrière) et Jean-Pierre Tourtier (Service de santé des armées, brigade des sapeurs-pompiers de Paris) ont analysé les données issues des prises en charge de 543 blessés (dont 337 ont été hospitalisés) lors des attentats de Paris du 13 novembre 2015, dans les 24 heures qui ont suivi les évènements.
 
Cette analyse réalisée en collaboration avec les 35 services ayant pris en charge des blessés, et dont les résultats ont été publiés dans la revue Intensive care medicine vise en particulier à mettre à jour les modalités du plan blanc et du plan rouge de réponse aux urgences, notamment sur la mobilisation des ressources nécessaires à la prise en charge des victimes. Les données actuellement disponibles sont en effet à prendre avec des pincettes, précisent les auteurs de l’étude, car elles émanent principalement d’évènements dans des pays où « les organisations diffèrent de ceux d’Europe occidentale », ou alors d’attentats perpétrés uniquement par le biais d’explosifs.

 

Les chir ortho au charbon

En décortiquant les données, l’équipe s’est notamment aperçu que les atteintes par balle avaient causé des blessures plus graves et nécessité des soins plus lourds que celles liées à des explosions. Pour les premières, des interventions chirurgicales d’urgence ont été nécessaires dans 57 % des cas, contre 35 % pour les secondes.
 
Il s’agissait de chirurgies orthopédiques (57 %), puis générales (15 %), vasculaires et thoraciques (10 % pour chaque). Les neurochirurgiens sont également intervenus pour quatre blessés, représentant environ 2 % des actes.
 
Pour maintenir la cadence, les 16 établissements de l’AP-HP et les deux militaires ont dû maximiser les moyens chirurgicaux, avec une hausse de 41 % d’ouverture de salles d’opération. Un engagement qui s’est prolongé pendant plus de 24 heures pour traiter les urgences relatives.

Un tiers de patients critiques

Au final, sept patients n’ont pas survécu malgré leur admission à l’hôpital à la suite de blessures par balle, s’ajoutant aux 123 victimes décédées sur les lieux des attentats. Un patient sur six a subi une transfusion sanguine, 29 % ont nécessité une hospitalisation en unité de soins critiques, et pour les autres, la durée médiane d’hospitalisation s’établit à trois jours.
 
Les auteurs de l’étude insistent sur le fait que les attentats perpétrés à l’aide de fusils d’assaut nécessitent plus de moyens médicaux. Cette information et les autres détails rapportés par l’équipe de la Pitié-Salpêtrière, pourront être pris en compte en cas de nouvelle tuerie de masse. Les médecins plaident également pour qu’à chaque événement terroriste, un rapport sanitaire standardisé soit rédigé, afin d’affiner encore la prise en charge.
 

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