Applis santé : les étudiants n'osent pas s'en servir

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De peur de passer pour des brêles

Applis santé : les étudiants n'osent pas s'en servir

La majorité des étudiants en médecine ont peur d’utiliser les outils d’aide à la décision médicale. La raison ? La peur de paraître incompétent.

Les outils d’aide à la décision médicale mobiles sont plus rapides, plus complets, plus ergonomiques… plus tout, en fait. Pourtant, les étudiants en médecine américains hésitent à les utiliser. Motif : ils craignent d’être perçus comme incompétents. Cette conclusion découle d’une étude réalisée auprès de 731 étudiants en médecine et parue en août dernier dans International Journal of Telemedecine and Applications. Pourquoi tant de peur ?

Plus jeunes, plus soucieux

Avant tout, les chiffres. 52 % des étudiants interrogés par le Dr Cara Quant, interniste au centre médical Cedars-Sinai à Los Angeles, et son équipe estiment qu’utiliser des outils d’aide à la décision face aux patients ou leurs collègues les font passer pour des incompétents.

Étonnamment, les étudiants les plus âgés (troisième et quatrième année d’école de médecine) sont moins réfractaires à l’emploi des outils diagnostiques face aux patients que ceux de première et seconde année. Selon les auteurs, les étudiants les plus jeunes sont plus soucieux du regard des autres et davantage craintifs à l’idée de voir leur crédibilité remise en cause. Rappelons qu’aux États-Unis, la formation pratique débute à partir de la troisième année.

Les applis aussi fiables que les manuels

Pourtant, les étudiants sont loin de douter de l’efficacité des applis. La plupart des sondés estiment que ces outils améliorent leurs connaissances cliniques (90 %), économisent du temps (95 %), améliorent les soins (87 %) et la précision diagnostique (78%).

Encore mieux, 61 % jugent les applications médicales aussi fiables que les manuels et 23 % les jugent carrément plus fiables. Les auteurs rappellent que l’utilisation de ces outils augmente la précision diagnostique grâce à la rapidité des mises à jour des recommandations. Ils suggèrent aux écoles de médecine et hôpitaux de les intégrer dans l'éducation médicale.

L’importance de lire l’anglais

Qu’en est-il en France ? Pour l’instant la question ne se pose pas d’après le Dr Juan Sebastián Suárez Valencia. Ce généraliste et cofondateur de Bress Healthcare, une startup qui travaille sur des algorithmes décisionnels médicaux, considère que les outils d’aide à la décision sur mobile ne sont pas assez utilisés en France. « Aux États-Unis la qualité et la quantité des extensions de ces outils est incomparable », remarque-t-il.

Le problème majeur ? La langue. « Pour un développeur ça ne vaut pas le coup de viser uniquement le marché francophone », explique Juan Sebastián Suárez Valencia. « Le marché est trop restreint. » Résultat, si des applications traduites existent, à l’instar d’Uptodate, elles seront trop chères et incomplètes. Une seule solution donc, se mettre à l’anglais.

Autre souci : certaines recommandations étant spécifiques selon les pays, même les applis correctement traduites seront partiellement inadaptées. Pour ceux désireux de se mettre à jour, le site kitmedical.fr liste tous les outils d’aide à la décision médicale en anglais et en français.

 

Source:

Im`ene Hamchiche

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