ANSM : Dominique Martin prêt à affronter de nouvelles tempêtes

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Reconduit pour trois ans

ANSM : Dominique Martin prêt à affronter de nouvelles tempêtes

L’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM) voit son directeur général reconduit pour trois ans. Dominique Martin est nommé par un décret du Président de la République publié aujourd’hui au Journal Officiel.

Un haut fonctionnaire baroudeur

Dominique Martin est médecin psychiatre et haut fonctionnaire. Né en 1955 dans une famille d'agriculteurs de l’Allier, cet ancien interne des hôpitaux de Paris a d'abord exercé à Médecins Sans Frontières (MSF) de 1984 à 1993. Durant cette période, il a voyagé en Afghanistan, Somalie, Yougoslavie ou encore au Rwanda. Puis l'homme a effectué un retour sur les bancs de l’école à près de quarante ans : à Sciences Po en premier lieu et enfin à l’École nationale d’administration (ENA) dont il est sorti en 1997. Tout cela pour être affecté ensuite au ministère du Travail et des Affaires sociales.

S'en suivront un passage à la Direction générale de la santé (DGS), avec des travaux sur l’ancêtre du RSA - le revenu minimum d’insertion -, et des postes de conseiller technique entre 1999 et 2002, notamment auprès de Bernard Kouchner, alors ministre délégué à la Santé.

Autre décennie, autre carrière, il a été jusqu’en 2011 à la tête de l’Office national d’indemnisation des accidents médicaux, des affections iatrogènes et des infections nosocomiales (ONIAM), qu'il a bâti ex nihilo avec le Pr Claude Huriet. Avant sa prise de fonctions à l’ANSM en 2014, il a fait un passage comme temps directeur des risques professionnels de la Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS).

Une fonction très exposée aux scandales sanitaires 

Nommé donc après le scandale du Mediator, il a lui aussi traversé quelques intempéries à ce poste. L'affaire la plus dramatique qu'il a eu à gérer est sans doute la mort d’un volontaire de 49 ans, Guillaume Molinet, qui avait participé en janvier 2016 aux premiers tests d'administration de la molécule BIA 10-2474 sur l'homme. Même si le rapport de l’Inspection générale des Affaires sociales (IGAS) n'a pas retenu de faute de la part de l’ANSM - qui avait autorisé cet essai en juin 2015 -, ses auteurs ont estimé que « l’économie d’ensemble du protocole et la latitude laissée pour sa mise en œuvre n’offraient pas un cadre suffisant pour la protection des personnes participant à l’essai ».

Mais surtout, l’ANSM a été accusée ici d’avoir édulcoré son rapport d’enquête. Celui-ci faisait état de discussions internes à l’agence... sauf que c’est une autre version qui a été transmise à l’IGAS. Pour exemple, selon l’enquête des gendarmes, le terme d’« alerte » a été remplacé par « points d’attention ». Conséquence, la directrice de l’évaluation Cécile Delval a quitté l’Agence quelques jours après la publication de ce rapport. L’ANSM a elle toujours démenti avoir caché des informations dans cette affaire.

A noter qu'avec cette nomination inattendue, Emmanuel Macron fait une exception à son spoil system à la française, une pratique venue des Etats-Unis qui impose un renouvellement de toute l’administration à l’arrivée d’un nouveau pouvoir.

Source:

Thomas Moysan

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