Accumulation de morts, attente de plus de 12 heures aux urgences, les Britanniques vivent dans la terreur face à un système de santé en crise

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Obtenir un rendez-vous avec son médecin, programmer une opération ou aller aux urgences d'un hôpital : se faire soigner est devenu un cauchemar pour nombre de Britanniques, qui voient se décomposer leur système de santé public, en crise depuis des années.

Accumulation de morts, attente de plus de 12 heures aux urgences, les Britanniques vivent dans la terreur face à un système de santé en crise

© IStock 

Yusuf Mahmud Nazir était un petit garçon de 5 ans, vivant avec sa famille dans la région de Sheffield (nord de l'Angleterre). Le 23 novembre, il est mort d'une pneumonie après avoir été renvoyé chez lui de l'hôpital, après plusieurs heures d'attente. Selon sa famille, on leur aurait dit qu'il n'y avait "pas de lits disponibles".

Le drame de cette famille a bouleversé le pays et fait la Une des médias britanniques, jetant une lumière crue sur la crise qui secoue le système de santé public, le NHS, créé en 1948 et longtemps considéré comme le joyau des services publics britanniques.

Mais des années de sous-financement, la pandémie et désormais l'inflation record poussent à bout sa résistance, et celle de ses infirmières, de nouveau en grève hier et aujourd’hui pour réclamer des hausses de salaires et une amélioration de leurs conditions de travail.

Les patients voient les délais d'attente s'allonger pour voir un médecin, obtenir un traitement, subir une opération, ou simplement faire venir une ambulance à leur domicile en cas d'urgence. Les services d'urgences sont débordés, engorgés de patients n'ayant pas pu voir un médecin.

Plus de 7 millions de personnes sont actuellement en attente d'une prise en charge dans le pays, un record.

Depuis des mois, les médias britanniques rapportent les histoires individuelles dramatiques vécues par des dizaines de familles.

Comme celle, dans le Daily Mail, de Lesley Weekley, 73 ans, habitante de Barry au Pays de Galles qui raconte comment elle a tenté en vain pendant près de deux heures d'obtenir qu'une ambulance vienne prendre en charge son mari en train de mourir d'une crise cardiaque à leur domicile.

"C'est une mère qui est chez elle, qui fait une crise cardiaque et n'est pas soignée parce qu'il n'y a pas d'ambulance pour aller chez elle. C'est un père qui n'a pas l'opération pour son cancer parce qu'il n'y a pas de lit disponible pour les soins post-opératoires. C'est une grand-mère qui meurt seule parce qu'il n'y a pas d'infirmière pour lui tenir la main, simplement parce qu'il n'y a pas assez d'infirmières", explique à l'AFP Orla Dooley, infirmière gréviste de 29 ans, rencontrée devant l'hôpital Saint George dans le sud de Londres.

Plus de 54 000 personnes ont attendu en décembre plus de 12 heures pour être pris en charge

Selon les derniers chiffres disponibles, le temps d'attente moyen pour une ambulance a atteint un record en Angleterre, dépassant les 90 minutes pour les patients dits de "catégorie 2", incluant les suspicions de crise cardiaque ou d'AVC.

Et plus de 54 000 personnes ont attendu en décembre plus de 12 heures pour être pris en charge après avoir franchi les portes d'un service d'urgences à l'hôpital.

Martin Clark, un père de famille de 68 ans, est mort en novembre d'une crise cardiaque. Après avoir attendu 45 minutes pour une ambulance, sa famille l'avait emmené elle-même à l'hôpital.

"Le NHS est cassé. Tout le monde a peur de tomber malade en se demandant ce qui va se passer. Les choses doivent changer", a témoigné son épouse Ann auprès de la BBC, ajoutant qu'elle se demandait s'il serait toujours en vie s'il avait été pris en charge plus rapidement.

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/les-racines-de-la-crise-de-lhopital-0

Selon les experts de la santé, la crise couve depuis longtemps, avec des pénuries de personnel et un sous-financement chroniques sous les gouvernements conservateurs successifs.

Mais la situation s'est aggravée avec le Brexit, car de nombreux soignants venaient de l'Union européenne, et les difficultés pour remplacer des médecins et infirmières épuisés après la pandémie et qui quittent désormais le secteur.

NHS England doit ainsi combler 130 000 postes, dont 12 000 docteurs en hôpitaux et 47 000 infirmières.

Le gouvernement conservateur a débloqué quelque six milliards de livres à l'automne pour aider le NHS et le Premier ministre Rishi Sunak a promis début janvier de réduire les listes d'attentes.

Avec AFP

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