
© Midjourney X What's up Doc
Ils s’appellent ChatGPT, Claude ou Google Gemini. Et ils commencent à concurrencer le médecin de famille. Selon une étude FLASHS commandée par Galeon, 34 % des Français ont déjà utilisé une IA générative pour poser des questions de santé. Parmi eux, 60 % ont suivi les recommandations, et 17 % ne les ont même pas soumises à un médecin ensuite.
Cette tendance est particulièrement marquée chez les jeunes. Chez les 18-24 ans, ils sont 56 % à faire confiance à l’IA pour répondre à leurs questions de santé, contre seulement 33 % chez les plus de 65 ans. Même clivage sur la tolérance à l’erreur : un Français sur cinq accepte plus volontiers un faux diagnostic s’il vient d’un médecin (20 %) que d’une IA (9 %).
Pour Léa Paolacci, chargée d’études FLASHS, cette confiance reste conditionnelle : « L’IA n’est pas perçue comme un danger en soi, mais comme un outil dont l’usage doit être strictement encadré. La confiance ne se décrète pas : elle se construit, à condition que transparence, contrôle humain et validation médicale restent des piliers incontournables », analyse-t-elle dans le communiqué.
Une confiance à géométrie variable
L’IA en santé n’effraie pas autant qu’on pourrait le croire. Un Français sur deux (49 %) trouve rassurante son utilisation par un médecin pour affiner un diagnostic. Mais cette acceptabilité est très genrée : 41 % des femmes se disent inquiètes, contre 27 % des hommes.
L’adhésion est également conditionnée par la transparence : 80 % des sondés jugent essentiel d’être informés si une IA intervient dans leur prise en charge.
Côté usages, les domaines jugés les plus pertinents sont le diagnostic (48 %), la recherche de traitements (47 %) et l’automatisation des tâches administratives (37 %). Mais 40 % craignent encore une déshumanisation de la relation malade-médecin, tandis que 22 % évoquent le risque d’erreurs médicales.
Chirurgie sans médecin : la moitié des sondés sont pour
Fait surprenant : 30 % des personnes interrogées se disent prêtes à être opérées par une IA, sans intervention humaine. Là encore, le clivage hommes-femmes est net : les hommes sont deux fois plus nombreux à donner leur feu vert.
Plus largement, 53 % des sondés estiment que l’intelligence artificielle pourra un jour surpasser les médecins humains sur certains aspects techniques. Une bascule est donc possible — mais elle reste encadrée, prudente, et très liée à l’âge, au genre et au rapport à la technologie.
« Ce qui se joue ici dépasse la simple question de l’efficacité : c’est la place que la société est prête à accorder à une technologie qui touche à l’intime, à la vulnérabilité, et au cœur même du lien entre soignant et soigné », conclut Léa Paolacci.