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Dr Ines Vaz Duarte Luis, oncologue à Villejuif
« Dans le monde occidental, il n’y a pas d’acceptation de la mort. En France, au Portugal aussi bien qu’aux États-Unis, reste cette question sociétale : on veut être éternel. »
Dr Thomas Lebouvier, anesthésiste-réanimateur à Rennes
« Faites des directives anticipées ! Même si, le jour où il faudra les utiliser, on se reposera la question de savoir si elles étaient adaptées, elles nous aideront tellement à vous connaître, et à savoir ce que vous voulez. (…) Un jour votre vie va se finir, donc aidez-nous à savoir comment vous voulez qu’elle se finisse. »
Dr Benjamin Rimaud, ancien urgentiste et gériatre dans le Val-d’Oise
« Avec le temps, la première question que je pose aux familles quand elles arrivent c’est : "Qu’est-ce qu’on fait pour la fin de vie de votre proche ?". J’ai les mouchoirs sur le bureau bien sûr… Mais le fait de leur demander, ça lève tous les tabous. »
Dr Angel Page, généraliste à Marseille
« Je ne suis pas du tout réfractaire au suicide assisté, je pense que c’est particulièrement justifié dans un système de santé qui assure suffisamment pour garantir la liberté du choix, mais je pense que ce n’est pas le cas actuellement. Les conditions ne sont pas réunies pour que la question de la fin de vie ne soit pas dénuée de considérations économiques. »
Dr Sophie-Hélène Zaimi, radiologue à Paris
« Il faut que l’acte reste aux mains du médecin, non délégué à des paramédicaux et pratiqué dans un environnement médicalisé. Je sais que pour le patient, c’est peut-être plus rassurant et confortable de mourir chez lui, dans son univers. Mais j’ai peur que le domicile ne soit pas bien adapté dans le cas où il y aurait des complications. »
Pr François Damas, médecin belge qui assure une consultation sur la fin de vie à Liège
« Accompagner les fins de vie, c’est un privilège extrêmement gratifiant. Les médecins qui ne veulent pas le faire sont cons, tout simplement ! »
Dr Éric Fossier, médecin spécialiste du soin palliatif, conseiller médical de la FNEHAD
« Vouloir mettre tout dans la même loi a été, à mon avis, une erreur stratégique. Nous avons vraiment besoin de développer les soins palliatifs, à l’hôpital comme à domicile. Mais la réponse apportée par l’aide à mourir n’a rien à voir avec les soins palliatifs. »
Dr Claudia Pouypoudat, oncologue radiothérapeute à Bordeaux
« Étonnamment la fin de vie en cancérologie se passe plutôt bien. Les choses sont préparées et les proches aussi. Les patients parlent assez ouvertement de la mort. Ils savent vers où ils vont. Nous, on essaye de faire en sorte que les symptômes ne les embêtent pas. Parfois, cela se passe presque dans la sérénité. »
Dr Denis Labayle, gastro-entérologue à la retraite à Paris, assume publiquement avoir aidé des malades à mourir
« Le mot "tuer" doit être banni du débat sur l’euthanasie, c’est malhonnête de l’utiliser. Il n’y a qu’à regarder la définition dans le dictionnaire. Tuer, c’est ôter la vie de manière violente à quelqu’un qui n’a pas donné son avis. C’est tout le contraire de l’euthanasie, qui est une réponse dans un esprit de compassion à une demande exprimée. Ça n’a rien à voir. »
Dr Jean-Jacques Erbstein, généraliste à Créhange
« J’ai l’impression qu’on veut distribuer la petite pilule pour mourir simplement parce que ça coûtera moins cher que de développer des équipes, qui, elles, pourraient faire en sorte que la fin de vie se passe dans la dignité, entourée des gens qu’on aime. »
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