Urgences Chrono : une appli pour désengorger les urgences

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Dans le cadre de la 2e édition de l’Université des déserts médicaux et numériques qui s’est tenue du 20 au 21 septembre à Lucenay-lès-Aix (Nièvre), la co-fondatrice d’Urgences Chrono, le Dr Céline Jardy-Triola, a présenté son appli pour améliorer l’accès aux soins et désengorger les urgences.

Urgences Chrono : une appli pour désengorger les urgences

« Les patients arrivaient souvent aux urgences par défaut. Parce qu‘ils ne connaissaient pas du tout l’offre de soins, parce qu’on leur expliquait très mal l’offre de soins, mais aussi parce que les professionnels de santé et les établissements n’ont pas le droit de faire de publicité. On a donc décidé de leur montrer l’intégralité de l’offre de soins existante. On a essayé de leur expliquer qu’en cas d’urgence, il y avait autre chose que les urgences. »

Dans le cadre de la 2e édition de l’Université des déserts médicaux et numériques, le Dr Céline Jardy-Triola est revenue sur son expérience au centre hospitalier de Bagnols-sur-Cèze, mais aussi sur la genèse de sa startup : Urgences Chrono. Après huit ans d’expérience en médecine d'urgence dans le département du Gard, elle s’est associée à une infirmière (Magali Diagne) pour créer en 2017 un outil d’aide à l’orientation en cas d’urgence. Objectif : « améliorer l’accès aux soins, notamment l’accès aux soins urgents, mais aussi désengorger les urgences. »

Commander une consultation avec son téléphone

Mais comment informer les patients pour les aider à faire les bons choix ? Comment les aider à trouver des solutions alternatives aux urgences ? Grâce au numérique pardi ! Pour le Dr Jardy-Triola, il faut en effet vivre avec son temps : « Tout le monde a un smartphone dans la main. C’est donc facile de commander une pizza avec son téléphone. Mais il faudrait aussi que cela soit facile de commander une consultation avec son téléphone. Nous avons donc conçu un outil simple et gratuit que nous avons mis à la disposition des gens pour leur montrer là où il faut aller ou ne pas aller, et quand il faut y aller. »
 
Les deux associées ont commencé par référencer sur un site internet tous les services de soins urgents qui existent en France (services d’urgence publics et privés, maisons médicales de garde, antennes SOS médecins, centres de premiers recours…) pour « montrer aux Français tout ce qui existe en la matière ». Pour chaque établissement référencé, on trouve une fiche correspondante avec les horaires, les raccourcis téléphoniques, le guidage GPS…
 
L’idée, « c’est d’expliquer aux patients qu’il existe autre chose que les urgences », a martelé le Dr Jardy-Triola qui a cité l’exemple suivant. Quand les parents s’inquiètent parce que leur enfant a de la fièvre à 22 heures, « ils n’ont pas forcément envie de se rendre aux urgences. Dans certains cas, ils ont juste besoin de voir un médecin. Donc on les informe qu’il y a des médecins de garde dans une maison médicale de garde ou une antenne SOS médecins située à proximité. »

Le service le plus disponible en temps réel

Comment tout cela fonctionne-t-il ? Le patient se rend sur le site internet d’Urgences Chrono, qui sera disponible sous forme d’appli d’ici la fin de l’année. Puis il se « géolocalise » pour voir apparaître le lieu et/ou le numéro de téléphone du médecin de garde à contacter. Ce qui permet parfois d’éviter de longues heures d’attente inutiles aux urgences.
 
Cette interface simple permet de trouver des solutions en un temps record, d'aller consulter au bon endroit dans le service le plus disponible en temps réel, qu’il s’agisse de trouver un médecin de garde ou de prendre rendez-vous pour une téléconsultation. « Les patients pourront par exemple opter pour une simple téléconsultation, ce qui les aidera à comprendre de quoi souffre leur enfant qui a 38 de fièvre », selon le Dr Jardy-Triola.
 
Pour les personnes qui ne savent pas où consulter ou sont à la recherche de conseils d’un médecin, Urgences Chrono conseille sur son site internet d’appeler le 15 pour parler à un médecin régulateur. « Quand vous attendez un quart d’heure au téléphone pour joindre un médecin généraliste au téléphone, c’est quand même mieux que d’attendre trois heures aux urgences avec un enfant qui pleure », estime le Dr Jardy-Triola.

Les patients rassurés

Urgences Chrono informe également les patients sur les délais d’attente pour rencontrer un médecin, en fonction de l’établissement choisi. « Nous travaillons avec les éditeurs de logiciels et les établissements. Un algorithme calcule, sur la dernière heure ou les deux dernières heures écoulées, le temps d’attente entre le moment où le patient est inscrit au secrétariat, et le moment où il est pris en charge par un médecin. »
 
Aujourd’hui, la startup travaille avec plusieurs services d’urgences de Montpellier (quatre cliniques privées) qui indiquent le temps d’attente moyen durant la dernière heure, ce qui permet de savoir quel est le service le plus disponible en temps réel.
 
L’estimation du délai d’attente a également un effet « anti-stress » sur les patients. Urgences Chrono travaille par exemple avec le centre hospitalier de Bagnols-sur-Cèze (Gard) où un écran a été installé dans la salle d’attente des urgences pour indiquer le délai d’attente. « L’effet a été immédiat : les patients se sont tout de suite sentis rassurés, s’est félicité le Dr Jardy-Triola Même quand il y a trois heures d’attente, le fait de le savoir permet d’éviter les aller-retours auprès des secrétaires ou des infirmières d’accueil, car les patients se demandent souvent s’ils ont été oubliés. Donc, c’est aussi un moyen de rassurer les gens, et ça soulage et ça apaise les équipes. »
 
À l’avenir, Urgences Chrono prévoit de devenir « une véritable plateforme avec des services intégrés, avec l’objectif de faciliter l’accès aux soins et d’améliorer ce système, ambitionne Dr Jardy-Triol. Car, si on n’a plus d’urgentistes dans quelques années, je ne sais pas qui va nous sauver la vie quand on aura un accident de voiture. Les gens n’ont pas conscience de la gravité de la situation aux urgences. J’ai démissionné il y a six ans des urgences et je pense que c’est la meilleure idée que j’ai eu de ma vie. Pour rien au monde, je n’y retournerais. D’autant plus que la situation n’était pas aussi dramatique qu’aujourd’hui il y a six ans…»
 

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