Une jeune maman en pleine forme, ressort de la maternité handicapée à 98%

Article Article

Une erreur médicale lors de l'administration d'une péridurale a plongé une jeune mère de 35 ans dans un coma neurovégétatif à l'hôpital Simone-Veil d'Eaubonne. Sa famille porte plainte contre l'établissement.

Une jeune maman en pleine forme, ressort de la maternité handicapée à 98%

© Midjourney x What's up Doc

Le 10 août 2019, Lucie B., 35 ans, arrive à la maternité de l'hôpital Simone-Veil d'Eaubonne dans le Val-d'Oise pour accoucher de son troisième enfant. Après plusieurs heures de travail, elle demande une péridurale. C'est alors que son accouchement bascule.

Un médecin stagiaire, sans supervision, procède à l'injection de l'anesthésiant. Diplômé de l’UE, il a le droit de pratiquer ce geste, mais doit normalement être accompagné d’un médecin senior. Ce dernier n’arrivera que lorsque les premières complications se manifesteront.

 Rapidement, l'état de Lucie se dégrade : Elle fait un premier malaise et a du mal à respirer. Une deuxième dose lui est administrée. Son cœur finit par s'arrêter pendant 15 minutes. Elle finit pas accoucher par césarienne. 

À aujourd'hui 40 ans, la patiente est dans un coma végétatif

Après une réanimation, son cœur repart, mais les dégâts cérébraux sont irréversibles. Aujourd'hui âgée de 40 ans, Lucie est dans un coma neurovégétatif et handicapée à 98%.

Une plainte pour blessures involontaires vient d’être déposée déposée contre l'hôpital. Les experts pointent plusieurs manquements :  « L'aiguille, lors de la péridurale, a été enfoncée trop profondément », rapporte Le Parisien. 

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/republique-tcheque-confondue-avec-une-autre-patiente-une-femme-enceinte-subit-un-avortement

De plus, le médecin stagiaire n'était pas supervisé comme il aurait dû l'être. L'hôpital reconnaît sa responsabilité et souhaite que « la famille soit dédommagée à la hauteur du préjudice subi, évalué par les autorités compétentes ». 

2 commentaire(s)
Pr matthieu D Chirurgie urologique 18 septembre 2024 20:45

Le recrutement de #médecins à #titre étranger dans le cadre d’un contrat de praticien attaché est un vrai sujet pour les services hospitaliers. Cela présente bien des intérêts pour les équipes, les établissements et les patients mais tout autant, cela peut être une source de contrainte. Il faut bien le savoir.

Les praticiens attachés exercent des fonctions hospitalières et participent aux missions définies aux articles L. 6111-1 et L 6112-1. Ils sont placés sous l'autorité du chef de pôle ou, à défaut, du chef du service, de l'unité fonctionnelle ou de toute autre structure interne dont ils relèvent.

En clair et en pratique, ils ont autorisation d’exercice restreinte ou très encadrée qui présente plusieurs risques, notamment parfois - suivant leur formation car ce n'est évidement pas tout le temps le cas - sur le plan de la qualité des soins et de l’intégration professionnelle. Ces médecins, ont parfois une formation et une expertise fragile sans réelle autonomie clinique et peuvent se retrouver limités dans leur capacité de prise de décision ou d'analyse d'une situation, ce qui peut affecter leur capacité à réagir rapidement et efficacement à de potentielles situations médicales complexes. De plus, cette restriction d’autonomie peut freiner leur développement professionnel et limiter leur potentiel d’innovation. C'est donc aussi un désantage en quelque sorte pour eux-mêmes, en particulier pour les meilleurs d'entre eux qui n'arrivent pas à avoir la reconnaissance et liberté d'exercice dont il pourraient / devraient bénéficier.

Il existe également des risques en matière de responsabilité juridique. En cas de problème médical, l’absence d’autonomie complète peut soulever des questions sur la répartition des #responsabilités entre le médecin et l’établissement de santé. Cela pourrait aussi entraîner une surcharge des médecins seniors qui doivent superviser plus étroitement leurs collègues étrangers, augmentant la pression sur le système de santé. C'est une réelle source de tension in fine.

Et enfin, du point de vue éthique, une telle situation interroge, elle peut créer un sentiment de précarité pour ces praticiens étrangers, affectant leur bien-être et, potentiellement, la qualité de leur relation avec les patients. Il est donc essentiel d’évaluer attentivement ces risques avant de recruter des médecins sous de telles conditions. Mais il est aussi légitime de se demander si ce statut est approprié et l'est dans toutes les circonstances. Car en effet, dans un centre à haut volume avec un personnel médical en nombre, c'est sans doute pertinent à la condition qu'il y ait un encadrement réel pour lui permettre de finir sa formation et d'avoir une prochaine expertise de qualité. Mais dans un établissement à faible volume qui a recruter à défaut dans ce contexte, c'est en réalité souvent pour palier à un manque de personnel... Et là, tout le monde est exposé

Marc-henri M null 19 septembre 2024 22:12

La description de l'accident évoque un cathéter de péridurale en position  intrathécale entraînant une rachianesthésie totale puis un ACR. Cette complication n'est pas exceptionnelle mais se diagnostique très bien en respectant les bonnes pratiques qui comprennent un interrogatoire sur les effets cliniques de la première dose d'anesthésique local. C'est vraiment la base de l'anesthésie obstétricale que l'on apprend aux internes dès qu'ils commencent à mettre des péri ! Un médecin étranger ne maîtrisant pas correctement notre langue accroît les risques de méconnaître les symptômes d'alarme. Le recrutement  de médecins étrangers est un scandale résultant des décisions politiques qui ont restreint l'accès aux études médicales. Leur niveau régulièrement plus faible expose à ce type d'accident inacceptable dans notre pays. De plus ce dumping médical entraîne des difficultés dans les pays d'origine de ces praticiens. Réclamons aux politiques d'investir massivement dans les professionnels de santé publiques comme privés pour assurer des soins de qualité ou qu'ils assument devant les français que nous ne pouvons plus pratiquer certains actes de confort en toute sécurité et qu'il faut donc  y renoncer: Primum non nocere  à l'opposé de ce dramatique accident car si cette patiente avait accouché sans péridurale, elle serait chez elle sans aucune séquelle si ce n'est le souvenir d'un accouchement douloureux...

Les gros dossiers

+ De gros dossiers