Toc-toc, la réalité augmentée entre au bloc

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Focus sur le Congrès de l’Association francaise de chirurgie

Toc-toc, la réalité augmentée entre au bloc

La réalité augmentée, qui pourrait bien transformer le métier de chirurgien, sera l’un des sujets majeurs du prochain congrès de l’Association française de chirurgie (AFC).

 

Un foie, c’est opaque. Ah, si seulement on pouvait voir à travers durant les interventions pour y discerner ici une tumeur, là une veine… Eh bien il existe une technologie qui promet d’exaucer ce rêve du chirurgien : la réalité augmentée. Celle-ci permet de superposer un véritable clone digital du patient en 3D, reconstruit à partir d’images de scanner ou d’IRM, aux vidéos que prend une caméra de cœlioscopie. Elle figurera en bonne place au 118e congrès de l’AFC, le grand rendez-vous de la chirurgie viscérale, digestive et oncologique.

« La réalité augmentée au bloc est une technique qui en est encore au stade de la mise au point dans le domaine de la chirurgie viscérale et digestive », prévient le Pr Patrick Pessaux, chirurgien hépato-bilio-pancréatique au CHU de Strasbourg et secrétaire général de l’AFC. Ce PU-PH explique qu’en plus de son équipe, seuls deux gros centres travaillent sur le sujet en France : l’Institut mutualiste Montsouris et le CHU de Grenoble.

Ce qui ne veut pas dire que les choses n’avancent pas. « Nous sommes en train d’achever un essai clinique concernant l’ablation de la vésicule biliaire sur une soixantaine de patients », annonce Patrick Pessaux.

La neurochir et la chir ortho en avance

Pourquoi la vésicule biliaire ? Parce qu’elle se trouve dans une zone relativement peu mobile. Elle est donc moins sujette aux deux problèmes principaux que l’on rencontre en réalité augmentée : le recalage de l’image que nécessitent les mouvements naturels du corps, et les déformations de l’organe sous la pression des instruments du chirurgien. Des difficultés qui expliquent pourquoi les chirurgiens orthopédiques et les neurochirurgiens sont en avance dans le domaine de la réalité augmentée.

Mais la chirurgie viscérale et digestive ne compte pas être en reste. « Nous travaillons notamment sur le foie », annonce Patrick Pessaux. « C’est un organe opaque, il peut se déformer, c’est donc un peu le Graal de la réalité augmentée au bloc : une fois qu’on aura résolu ce problème, le reste sera plus facile. »

En route vers le chirurgien augmenté

Car le Strasbourgeois n’en doute pas, la réalité augmentée fera dans un futur proche partie du quotidien des chirurgiens. Elle sera par exemple utilisée en simulation dans le cadre de la formation, ou permettra au chirurgien de mieux préparer une intervention. « On ne découvrira plus le patient le jour même au bloc, en ayant juste regardé le scanner », explique le chirurgien.

Mais surtout, Patrick Pessaux prévoit que l’image sera prochainement bien plus présente dans les blocs qu’elle ne l’est maintenant. « Nous serons de plus en plus guidés par elle », prophétise-t-il. « En couplant la réalité augmentée et la robotique, on ira vers une sorte de chirurgien augmenté. »

Un futur quelque peu différent de ce que nous connaissons actuellement au bloc. Pour s’y préparer, le mieux est encore de faire un tour au congrès de l’AFC, du 28 au 30 septembre au Palais des congrès de Paris.

Source:

Adrien Renaud

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