Télémédecine : « je préfère que ca n’existe pas »

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3 questions au Dr Charles Cousina, délégué de l’UFML

Télémédecine : « je préfère que ca n’existe pas »

Charles Cousina, 35 ans, est médecin généraliste à Lyon et délégué de l’UFML (Union française pour une médecine libre). Il nous donne sa vision sur la télémédecine… et nous démontre que les craintes envers les nouvelles technologies en santé ne concernent pas que nos aînés…

 

What's Up Doc: Comment percevez-vous la télémédecine ?

Charles Cousina: Je vais peut-être paraître comme étant anti-progressiste, mais je suis plutôt un adepte du médecin clinique. L’outil télémédecine est possible s’il y a une relation de soin derrière. Or il se passe la même chose qui s’est passé avec l’informatique, la télémédecine étant d’ailleurs une technologie dérivée : on assiste à une dématérialisation et une virtualisation entre deux personnes. Le fait d’être derrière deux écrans pose des problèmes de confiance, et une fois de plus enlève la relation de soin entre le médecin et son patient.

WUD: Pourtant cette nouvelle forme de médecine commence à s’ancrer, cela ne pourrait-il pas être une solution pour résorber notamment les déserts médicaux ? 

CC: La télémédecine répond à un besoin, qui peut être dû au manque de temps ou au manque de médecins, mais il s’agit d’un besoin créé. On a créé la pénurie de médecins, en baissant le numerus clausus par exemple. Il y a des choses intéressantes à développer dans la télémédecine, mais les outils de travail manquent, et personnellement je préfère que ça n’existe pas, je préfère le face to face. La télémédecine dénature la médecine. C’est un palliatif qui répond à un manque artificiellement créé, ce n’est pas un progrès mais une solution apportée à une régression, voilà mon avis.

WUD: En somme il n’y a rien de bon à ce que la télémédecine se développe ?

CC: La télémédecine apporterait un plus dans un système qui fonctionnerait bien et en supposant que l’outil appartienne à ceux qui l’utilisent. Si c’est pour que la télémédecine soit un moyen de flicage, de surveillance et d’observance des comportements des médecins, comme c’est déjà plus ou moins le cas avec les décomptes de télétransmission, non merci !

Source:

Guillaume Bouvy

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