Pour améliorer l’accès aux soins sur le territoire, Marine Le Pen a concentré ses propositions sur la lutte contre les déserts médicaux. La présidente du FN souhaite instaurer un stage d’internat dans les zones à faible densité médicale. Son porte-parole santé Mickaël Ehrminger nous détaille la mesure.
Si les moins de 24 ans n’accordent pas plus leur confiance à Marine Le Pen que les autres électeurs, la présidente du Front National (FN) a le vent en poupe chez les 25-34 ans. D’après une étude récente de l’institut Elabe, la candidate arriverait en première position des intentions de vote chez ces jeunes. Mais cette vague Bleu Marine est-elle en mesure d’attirer les futurs médecins ?
Nul ne sait, même si une constante demeure : élection après élection, la tentation frontiste reste très marginale dans le corps médical. Et les lecteurs de What’s Up Doc (WUD) ont confirmé la règle. Invités à répondre à un sondage du 10 au 16 avril, Marine Le Pen n’a pas récolté une seule voix sur les 349 votes. Emmanuel Macron (30 %), François Fillon (21 %) et Jean Luc Mélenchon constituait ce podium.
Mais à deux jours du premier tour de la Présidentielle de 2017, WUD s’est tout de même demandé ce qu’il adviendrait des études médicales si le FN l'emportait le 7 avril prochain. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les internes verraient leur quotidien fortement bouleversé. Son porte-parole santé Mickaël Ehrminger revient sur la proposition d’instaurer un stage d’internat dans les déserts médicaux.
WUD : En pratique, comment se déroulerait ce stage ?
Mickaël Ehrminger : Il s’agirait d’un stage de six mois dans une zone à faible densité médicale. Il pourrait se dérouler à l’hôpital, en maison de santé pluridisciplinaire ou en cabinet libéral. Son objectif est de sensibiliser les jeunes médecins à la problématique des déserts médicaux, mais également de permettre à ces zones de bénéficier de professionnels tout au long de l'année.
WUD : Toutes les spécialités médicales seraient-elles concernées ?
Mickaël Ehrminger : Toutes les spécialités médicales présentant un problème démographique actuel ou à venir seront concernées. Ainsi, la liste des spécialités pourra évoluer au fil des années, mais a priori aucune spécialité ne sera exclue du dispositif.
WUD : Ce type de dispositif a-t-il déjà été testé ?
Mickaël Ehrminger : En Mayenne, une initiative similaire a été mise en place récemment avec des maisons de santé regroupant des internes en fin d’études et des médecins retraités. Cela permet aussi une certaine forme de compagnonnage.
WUD : Reste le problème du manque de maîtres de stage dans ces déserts ?
Mickaël Ehrminger : Nous avons d'autres mesures dans notre plan de lutte contre les déserts médicaux. Dans ces zones sous-dotées, Marine Le Pen propose également aux médecins retraités d’exercer avec des déductions de charges. Elle veut, par ailleurs, y développer les maisons de santé pluridisciplinaires avec un projet médical solide. De plus, nous souhaitons décharger les médecins des tâches administratives. Il faut leur permettre de recruter du personnel administratif avec des incitations fiscales, et en misant sur l'innovation technologique pour simplifier les démarches. Enfin, nous aurons la volonté de faire baisser la fiscalité à l’installation.
Toute cette série de mesures revitalisera les territoire désertifiés et elles nous permettront d’y retrouver l'emploi, les services publics, et y compris les maîtres de stage. Dès lors que ces territoires auront été rendus plus attractifs, nous pourrons offrir davantage de terrains d’apprentissage aux étudiants en médecine.
Les autres mesures du FN sur les études et la formation médicales :
- Le FN s’engage à relever le numerus clausus pour dit-il "éviter le recours massif aux médecins étrangers et permettre le remplacement des nombreux départs à la retraite prévus". Ce relèvement concernerait toutes les filières dans lesquelles il existe des besoins. Le FN l’assure, « il faudra (…) donner aux universités et aux hôpitaux les moyens nécessaires pour faire face à l’augmentation du nombre d’étudiants ».
- La sélection à l’issue de la première année des études de santé devra intégrer le facteur humain, et ne plus se fonder uniquement sur des éléments strictement académiques, "assez éloignés de l’exercice des professions de santé", juge le FN. Cela passera par un entretien devant un jury, comme cela se fait déjà en Allemagne.
-Pour toutes les professions de santé, la formation clinique et de terrain sera la plus précoce possible, et centrée sur le travail d’équipe.
- Un service civique de santé sera également créé pour les jeunes médecins, d’une durée d’un an renouvelable, sur une base volontaire et salariée.