Soumise à mort

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Soumise à mort

 

Dans l'Angleterre victorienne et austère du XIXe siècle, Katherine est une jeune fille livrée à son mari et épiée par son beau-père, qui l'envisage uniquement comme une génitrice lui permettant d'assurer la descendance. Empêchée d'avoir la moindre autonomie, elle va prendre sa revanche le jour où ses deux geôliers sont, au même moment, appelés à gérer leurs affaires à l'extérieur du manoir...Un bon fait divers, à voir pour son actrice.
La reine dans le palais des courants d'air: c'est ainsi que l'on pourrait surnommer cette héroïne au féminisme précurseur et forcené, au départ corsetée et prisonnière - à qui il est même interdit d'ouvrir la moindre porte-fenêtre afin d'éviter de prendre froid! - mais qui va embrasser sa destinée inassouvie en franchissant toutes les étapes de l'horreur. La référence à la figure féministe post-moderne de Millenium n'est pas innocent, tant cette Lady Macbeth (c'est le titre original de l'oeuvre) semble se battre avant tout contre la violence masculine, souvent implicite mais constante, qui lui est imposée.

Dès lors qu'elle retrouve un semblant de liberté, elle va dans un premier temps imiter et retourner à son avantage les rituels de domination auxquels on la soumettait. L'aspect intéressant de la liaison qu'elle entretient avec son palefrenier est que l'on hésite constamment entre un réel désir amoureux et un moyen parmi d'autres d'échapper à sa condition. Il faudra attendre la fin du film pour le savoir.

Un fait divers n'est intéressant que par la dimension sociale qu'il contient, encore plus lorsqu'il la révèle. Ainsi, à voir niée à ce point la moindre possibilité émancipatrice de la femme de l'époque - considérée comme ayant moins de droits que les "bâtards" de son époux, fussent-ils le fruit de liaisons ancillaires - on comprend aisément les ressorts du passage à l'acte criminel de cette cousine anglaise de Mme Bovary.

Pourtant, et c'est là peut-être la seule originalité de ce film, la problématique est ailleurs et n'apparaîtra qu'à la fin. Car non seulement y sera révélée la vraie nature de Katherine - jouée avec une fraîcheur diabolique par l'excellente Florence Pugh - mais nous sera également assénée une vérité évidente: quand l'ordre des choses est bouleversé, seul le rapport de classes permet d'en restaurer l'apparente tranquillité. 
 

 

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