Samedi 14, le passage du relais

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La journée en réanimation

Samedi 14, le passage du relais

Réanimateur à Saint-Antoine, Sébastien s’est présenté comme renfort à son service au lendemain des attentats. Le plan blanc est déclenché, mais il n’a pas été rappelé. Pourtant les médecins sont là, et la prise en charge des victimes se met en place…

Sébastien, réanimateur à Saint Antoine, s’est présenté spontanément à son service samedi matin. « J’y suis allé pour relayer ceux qui avaient fait la nuit. Ils étaient très fatigués », raconte Sébastien.

Samedi, le plan blanc était déclenché. Sébastien n'a pas été appelé, mais « les médecins sont venus d’eux-mêmes, spontanément », raconte-t-il. « Il y avait même d’autres médecins qui n’étaient pas du service, et ça a bien tourné ». Quand il arrive, il y a cinq victimes des attentats. Il en comptera au total une quarantaine pendant la journée.

Le matin, c’est le rush. Il faut s’occuper des victimes, mais aussi « de tous les malades qu’on avait déjà ». A côté de ça, beaucoup de gens, des familles, se présentent tout au long de la journée, « elles cherchaient certaines personnes », poursuit Sébastien. Mais l’hôpital s’occupe d’eux, et les médecins poursuivent leur travail.

L’après-midi, ça se calme, mais il reste beaucoup de choses à régler. « Des choses administratives qu’on n’avait pas eu le temps de faire tout de suite, dans le rush, où tout était oral » », explique le PH. On prend alors le temps de remplir les rapports individuels. Sébastien finit sa journée entre 15h et 16h.

La prise en charge psychologique

Une journée pas comme les autres, c’est peu de le dire : « C’est particulier, on n’a pas l’habitude de voir ça… C’étaient des blessures de guerre… C’était incroyable ». Malgré tout, les victimes restent calmes. « Les patients qu’on a eus étaient plutôt stoïques. Je ne sais pas si c’est parce qu’ils décompensaient ou parce qu’ils n’avaient pas encore réalisé… » Sébastien raconte que psychologues et psychiatres sont allés voir directement les patients. Beaucoup d'entre eux n’étaient pas encore en état de parler, alors ils sont revenus dimanche et lundi.

L’aide psychologique était aussi présente pour le personnel médical : « des groupes de paroles ont été mis en place, et une psychologue de l’hôpital était là pour le service de réanimation chirurgicale, avec des entretiens personnels ou en groupe », explique Sébastien, même si lui-même n’y a pas eu recours.

Source:

Cécile Lienhard

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