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Jean-Christophe Nogrette, secrétaire général adjoint de MG France, se montre prudent sur FranceInfo : « Cela nécessite au moins deux médecins par maison. Ça va faire le recrutement de 10 000 médecins. Où va-t-on les trouver ? ».
Il souligne aussi que le modèle choisi importera peu ou beaucoup selon la nature des soins offerts : « Si c'est de la médecine 'one shot' soigner des angines et des rhumes, ça sera peut-être facile de trouver les personnes pour le faire. Si c'est un médecin traitant dans la durée, ça va être plus difficile à trouver. » Et il ajoute : « Si on demande à des médecins déjà installés de rejoindre ces lieux, on va dé-couvrir des endroits pour en couvrir d'autres. »
Des médecins sous quels statuts ? Salariés ? Libéraux ?
Gérard Raymond, président de France Assos Santé, adopte une posture plus ouverte au nom des patients sur FranceInfo : « Ça nous pose beaucoup plus d'interrogations que de certitudes, mais pourquoi pas. » Il insiste cependant sur plusieurs conditions : le statut des professionnels dans ces maisons (libéral vs salarié), la possibilité que d’autres professionnels que des médecins soient impliqués (par exemple des infirmières pour des actes de première orientation), et l’organisation des permanences, avec la question d’une ouverture 24 h/24 et le week-end.
Plusieurs responsables syndicaux ont également réagi auprès de nos confrères du Quotidien du médecin. Le Dr Frédéric Villebrun (USPCS, centres de santé) parle d’un « signal positif » mais réclame « un comité de pilotage national pour avancer ». Le Dr Pascal Gendry (AvecSanté, maisons/équipes de santé libérales) insiste sur la nécessité de définir clairement ce qu’est une « maison France Santé » et prévient : « Il faut que ce soit un lieu d’effection, pas seulement d’orientation ou de soins non programmés. »
40% seulement des médecins généralistes sont également médecins traitants
Le Dr Luc Duquesnel (Généralistes-CSMF) rappelle pour sa part que « seulement 40 % des généralistes font le choix d’être médecin traitant » et regrette qu’« à ce stade, aucune annonce ne rende le métier de médecin traitant plus attractif ».
Le Dr Fabienne Yvon (MG France) abonde dans ce sens sur TF1: « Le métier de médecin généraliste traitant souffre d’un manque d’attractivité, lié aux conditions d’exercice et à la rémunération »
Pour les médecins, plusieurs points sont donc à considérer. Sur le nombre de praticiens, le besoin estimé de 10 000 médecins pose la question de la disponibilité de professionnels formés et prêts à s’engager dans une médecine générale traitante, dans la durée. Sur la nature du service, la différence entre soins ponctuels et prise en charge globale, chronique, comporte des enjeux de formation, de rémunération, de conditions de travail et de coordination avec les structures existantes.
Sur les conséquences territoriales, si l’on mobilise des médecins actuellement en zone dense ou déjà en exercice, il peut y avoir un effet de déplacement : on découvre un désert médical pour en couvrir un autre. Enfin, le modèle organisationnel et financier reste à définir : statut, amplitude d’ouverture, ressources humaines diversifiées, modes de rémunération. Bref, tout reste à faire.