Rendez-vous chez l’ophtalmo : vers moins de délais ?

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En l’espace de quelques semaines, plusieurs études et un article du Monde se sont penchés sur l’épineux sujet du délai d’obtention d’un rendez-vous en ophtalmologie. Nous avons sorti la loupe pour y voir plus clair.

Rendez-vous chez l’ophtalmo : vers moins de délais ?

Côté pile : une étude récente du Snof (Syndicat National des Ophtalmologistes de France) se réjouissait le 7 juin de la réduction du délai d’obtention d’un rendez-vous en ophtalmologie depuis deux ans. Côté face : le journal Le Monde évoquait dans un article daté du 11 juin le parcours du combattant pour trouver un ophtalmologue. Reste à savoir quel côté de la pièce se rapproche le plus de la vérité.

« Les délais de rendez-vous en ophtalmologie se sont nettement réduits, avec une accélération ces dernières années, se félicitait le Dr Thierry Bour, le président du Snof, dans un communiqué daté du 7 juin 2019. C’est la preuve que les mesures que nous déployons fonctionnent et cela sans risque de démédicalisation : développement rapide du travail aidé, décrets des orthoptistes et opticiens de 2016, protocoles organisationnels... »

Pour appuyer ses propos, les tout beaux tout frais résultats d’une triple étude sur les délais de rendez-vous en ophtalmologie : délais pour une consultation périodique, pour l’apparition de nouveaux symptômes et prise de rendez-vous en ligne. Réalisée par l’institut CSA, elle porte sur un échantillon de 2 000 ophtalmologistes libéraux ayant un site fixe de consultation.

De 66 à 43 jours en deux ans

Selon l’étude, le délai médian d’obtention d’un rendez-vous dans le cas d’un contrôle périodique serait passé de 66 à 43 jours en deux ans, soit - 35 %. Quant au délai médian pour une prise en charge d’une apparition de symptômes, il aurait été divisé par deux (de 20 à 10 jours), selon le Snof.

Autre résultat du sondage de l’étude : le délai pour un rendez-vous s’améliorerait dans toutes les régions, puisque 6 patients sur 10 auraient obtenu un rendez-vous après contact téléphonique. Enfin, dans une minorité des cas (14 %), le cabinet aurait déclaré ne plus prendre de nouveaux patients.

Le Snof en conclut que « les ophtalmologistes adaptent les délais de RDV aux besoins réels des patients ». Tout en citant des mesures complémentaires pour réduire les délais, comme le développement de l’exercice en sites secondaires ou l’optimisation des agendas via la prise de rendez-vous en ligne qui devraient à l’avenir « encore soutenir la dynamique sans démédicalisation ».

Jusqu’à 79 jours selon la Dress

 Ces chiffres contrastent avec une étude de la Drees publiée en octobre 2018, qui révélait que la moitié des rendez-vous sont obtenus en 2 jours chez le généraliste contre… 52 jours chez l’ophtalmologiste ! Ce délai médian grimpe même à 79 jours pour les demandes émanant du quart des patients résidant dans les communes où l’accessibilité est la plus faible.
 
Toujours selon l’étude de la Drees, les délais entre la prise de contact et la date de rendez-vous étaient considérés comme « trop longs » par les patients dans 39 % des cas en ophtalmologie.
 
Quels chiffres correspondent le plus à la réalité du terrain ? Ceux du Snof ou de la Dress ? Est-ce que les délais de rendez-vous en ophtalmologie se sont nettement réduits depuis deux ans, comme l’affirme le SNOF ?

Disparités selon les territoires

Tout dépend d’abord de la région de résidence des patients, puisque l’on observe de fortes disparités dans l’accès aux soins ophtalmologues en fonction des territoires. Selon l’étude de la Dress, le délai médian d’obtention d’un rendez-vous chez un ophtalmologiste est de 29 jours dans l’unité urbaine de Paris qui est bien dotée en ophtalmologistes, contre 71 jours dans les communes hors influence des pôles, 76 jours dans les communes des grands pôles ruraux et 97 jours dans les communes des petits et moyens pôles.
 
L’article du Monde pointe également du doigt ces disparités. Issu d’un appel à témoignage, il raconte les déboires de trois personnes à la recherche du temps perdu d’un rendez-vous chez un ophtalmologiste.
 
À l’image de Nicolas, un ancien Parisien myope et astigmate, qui s’est vu répondre « on ne prend pas de nouveaux patients » quand il a cherché un ophtalmo en Touraine. Si bien qu’il a dû se rendre à 130 kilomètres de son domicile pour obtenir un rendez-vous.

Rendez-vous dans un an

 Comme Nicolas, Gaëlle n’avait jamais eu de problème pour trouver un ophtalmo quand elle résidait en région parisienne. Et, comme Nicolas, son déménagement en province (Tours) a apporté son lot de désillusions médicales.
 
Elle contacte une grosse quinzaine d’ophtalmologues qui, soit ne répondent pas au téléphone, soit ne prennent plus de nouveaux patients. Voire lui proposent un rendez-vous dans un an. Grâce à Doctolib, elle réussit à avoir un rendez-vous sous quinze jours. Mais finit par déchanter en découvrant la « file incroyable de patients », pour, au final, être gratifiée d'une consultation de quatre minutes.
 
Quant à Yasmina, elle a tout simplement décidé de tirer un tirer sur les ophtalmologues depuis 2013. Elle va désormais chez un opticien qui évalue sa correction et lui fait l’ordonnance de lunettes.

Élargissement des compétences des opticiens

Aussi étonnant que cela puisse paraître (à prononcer avec un ton ironique), l’AOF (Association des Optométristes de France) en est arrivé à la même conclusion ! Le syndicat se base notamment sur une étude récente pour montrer que « deux tiers des Français restent insatisfaits de l’accès aux soins optiques » et « que 68 % d’entre eux seraient favorables à un élargissement des compétences des opticiens pour désengorger les cabinets des ophtalmologistes ».
 
Conclusion de l’AOF : les optométristes pourraient être « la clef » du problème ces prochaines années, « si seulement la loi leur permettait de mettre en pratique leurs années d’études supplémentaires ! »

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